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    Haïti dans «Ma vie» de William Clinton (1ère partie)

    Posté le vendredi 16 juillet 2004
    par Weibert Arthus
    Paris, 16 juil. 04 [AlterPresse]

    Dans son autobiographie, William Clinton consacre quelques bonnes parties à Haïti. Il raconte sa découverte du pays, son premier voyage et sa gestion du dossier haïtien à la maison blanche.
    L’ancien Président américain étale ses connaissances du vaudou et livre ses appréciations sur la manière dont les Haïtiens y rencontrent Dieu.

    Clinton évoque Duvalier, le coup d’état militaire du général Raoul Cédras(septembre 91) et le retour à l’ordre constitutionnel. Il commente le cas de l’ex président Jean Bertrand Aristide et sa démission en 2004. Il défend
    surtout sa politique en Haïti entre 1993 et 1995.

    A Moscou, premier contact avec une haïtienne.

    L’ancien président américain est assez jeune quand il fait la connaissance d’Haïti. 1970, Bill Clinton est à sa deuxième année d’études à Oxford (Angleterre). Il visite la Russie en janvier. Et c’est à Moscou qu’il fait la connaissance d’une Haïtienne, Hélène, au cours d’un dîner avec des amis à
    l’Université Lumumba.

    Clinton raconte comment, lorsqu’il quitte la Russie, quelques jours plus tard, l’Haïtienne lui fait cadeau d’une de ces chapkas en fourrure si typiques.

    Il relate sa réticence à accepter le présent en demandant à Hélène si elle était certaine de vouloir la lui donner. La chapka en elle-même ne valait pas une fortune.

    Mais Hélène, dont le mari faisait des études à Paris, n’avait pas beaucoup d’argent. 24 ans plus tard, en tant que président, William Clinton s’en est souvenu. Il raconte dans ‘Ma vie’ en 1994 j’ai pris la décision de déposer le dictateur au pouvoir dans son pays le général Raoul Cédras et permis le retour de Jean-Bertrand Aristide, le président élu démocratiquement, j’ai repensé, pour la première fois depuis des années, à cette femme généreuse, et je me suis demandé si elle était retournée en Haïti.

    Intrigué par la religion et la culture vaudoues, cinq ans après l’expérience de Moscou, Clinton découvre le pays de la ‘femme généreuse’.

    Décembre 1975, son ami David Edwards, qui travaillait pour la
    Citibank, l’invite à voyager avec lui en Haïti. Clinton effectue ce voyage en compagnie d’Hillary.

    Ils se sont mariés le 11 octobre. D’ailleurs c’est en cadeau de mariage que cet ami leur a offert ce voyage. Clinton découvre une Haïti sous l’emprise de Duvalier et de ses tontons macoutes.

    Il explique en quelques lignes la situation politique et ses conséquences: A force de coercition, de pillage et de mauvaise gestion, les Duvalier avaient réussi à faire de Haïti le plus pauvre de notre hémisphère. Port-au-Prince était encore une belle ville par endroits, mais elle semblait décatie.

    Plus que la politique intérieure c’est la vivacité, l’intelligence, l’artisanat et la musique haïtienne qui émerveillent le jeune marié. Et c’est surtout le vaudou qui va le marquer. Il écrit; J’étais particulièrement intrigué par la religion et la culture vaudoues, qui en Haïti, coexiste avec le catholicisme, et dont j’avais déjà eu un petit aperçu à la Nouvelle-Orléans.

    Comme dans un manuel d’histoire religieuse, Clinton explique l’origine africaine du vaudou, son rituel et sa croyance. Il raconte une brève introduction à la théologie vaudoue que lui a faite Max Beauvoir avant sa participation à une cérémonie organisée pour touristes. Durant la cérémonie, des esprits sont invoqués et pénètrent dans le corps des fidèles tandis que ces derniers dansent.

    Après plusieurs minutes d’une danse rythmée par le son de tambours martelant, les esprits se sont manifestés et se sont emparés du corps d’une femme et d’un homme.

    L’homme s’est mis à frotter tout son corps avec une torche brûlante, et a marché sur des braises sans être brûlé. La femme, saisie de frénésie, a poussé une série de cris puis s’est emparé d’un poulet vivant et l’a décapité avec ses dents. Puis, les esprits l’ont quittée, et ceux qui avaient été possédés sont retombés sur le sol.

    Clinton évoque également le phénomène des zombis raconté par Wade Davis, un scientifique de l’Université Havard, dans son livre, The Serpent and the Rainbow.

    L’ancien numéro 1 américain soutient qu’il relate cette brève incursion dans le monde du vaudou parce qu’il a toujours été fasciné par la manière dont les différentes cultures tentent de donner un sens à la vie et à la nature, et par la forme que prend chez elles la croyance quasi universelle en l’existence d’une force spirituelle qui anime le monde, qui existait bien avant l’humanité et qui survivra à sa disparition.

    Dans ‘Ma vie’, Clinton donne une vision juste de la perception qu’on doit avoir du vaudou. Il ne fait pas l’amalgame entre vaudou et magie, entre esprits et satan. Au contraire, il arrive à comprendre que la manière dont Dieu manifeste sa présence dans la religion haïtienne est très différente de celle que l’on trouve chez la plupart des chrétiens, des juifs ou des musulmans. Cependant, les annales de leur culte illustrent incontestablement le vieil adage selon lequel les voies du Seigneur sont impénétrables.

    De son expérience personnelle avec l’univers du vaudou, Bill Clinton, chrétien de confession baptiste, tire des conclusions qui devraient porter les chrétiens haïtiens à de plus profondes réflexions autour de cette religion qu’ils rejettent et qualifient trop souvent de maléfique.

    Margaret Armand
    Conflict Resolution Consultant
    954-478-7510

    Photo 1: Margaret Armand et le Président Bill Clinton.
    Photo 2: Max Beauvoir, Bernadette Armand, Avocate, et Margaret Armand.