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Ni rire ni pleurer pour Haïti

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  • Ni rire ni pleurer pour Haïti

    ‘L’enthousiasme suscité par la candidature de Wyclef Jean est significatif pour comprendre la société haïtienne d’aujourd’hui.
    Depuis plusieurs années, beaucoup d’observateurs de la vie politique haïtienne avaient déjà compris que Wyclef Jean se porterait candidat à la présidence dans les années à venir, ce qui ne doit pas étonner ceux qui sont en quête de compréhension de cette société. Encore plus, cela prouve une constante dans la politique haïtienne : Choisir le moins pire.

    Depuis la fin de la dictature trentenaire des Duvalier en Février 1986, le peuple haïtien se livre à un grand combat en vue de changer ses conditions matérielles d’existence mais il se trouve que l’élite haïtienne n’a jamais su entendre et comprendre ce cri. Déboussolé, fatigué et désorienté, en Décembre 1990 il a jeté ses dévolus sur le prêtre des pauvres, porte-parole de la théologie de la libération.

    Après trois ans de coup d’État, avec l’aide de la Maison Blanche, Jean-Bertrand Aristide revient dans ses fonctions tout en appliquant une série de politique économique suicidaire pour la nation. En privatisant les institutions publiques, en ouvrant les barrières douanières, minant ainsi l’agriculture haïtienne et une économie déjà affaiblie…
    L’année du bicentenaire de l’indépendance du pays, sous l’impulsion de violentes manifestations de rue, Aristide est évincée du pouvoir.

    Après deux ans de gouvernement de transition, le peuple haïtien s’est encore jeté dans les bras de René Garcia Préval car il fallait à tout prix se débarrasser de ce gouvernement impopulaire qui voulait se maintenir au pouvoir. Tout cela s’est soldé par des déceptions.

    Entre temps, les valeurs de la société haïtienne continuent de s’effondrer sous l’effet de l’américanisme. Le rap américain dans toutes ses variantes remplace les chansons traditionnelles, la musique compas et les chansonnettes Françaises de la génération précédente. Avant 1990, on regardait encore les vieux films Chinois et Français. Et, les haïtiens portaient des vêtements qui les rapprochaient plus de l’Afrique et de l’Europe que des États-Unis. Dans cette situation, que peut-on espérer d’un chanteur de Hip-hop qui a laissé son pays à l’âge de neuf ans et qui ne parle aucune langue officielle d’Haïti ?

    Cette domination culturelle, sans doute, produit un type d’individu et un mode de conception du pouvoir politique. C’est le primat de l’argent sur les valeurs humaines. Le rêve américain dans un pays à passé colonial.

    Actuellement, ceux qui soutiennent la candidature de Wyclef veulent le faire passer pour le sauveur du peuple haïtien. Il suffit de voir la façon dont sa campagne est annoncée pour comprendre ce qui se cache sous l’iceberg.
    Ce n’est qu’un leurre s’ils veulent faire comprendre que Wyclef s’alignerait sur la politique de l’alternative Bolivarienne de l’Amérique(ALBA) prônée par Hugo Chavez.
    Soyons lucide : le candidat a bel et bien compris qu’il doit avoir l’appui du département américain pour arriver au pouvoir. Ses premières visites se dirigent vers la Maison Blanche.

    Wyclef est arrivé au moment où la jeunesse haïtienne n’a d’autres références que les sous-produits de la culture américaine. Wyclef est arrivé au moment où la souveraineté est un vain mot en Haïti. Wyclef est arrivé au moment où près de 2 millions Haïtiens sont sans abris, au moment où Bill Clinton règne en maitre et seigneur sur Haïti. Dans de pareilles situations, le peuple haïtien fait toujours le choix du moins pire. Cette candidature ne peut être qu’une candidature de la catastrophe’.

    Panel Lindor.
    Étudiant au Master de Philosophie ENS/Paris 8

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