Un Nioufi d’allure fort élégante rencontre un vieux compagnon de collège, grelottant sur un banc au bord du Saint Laurent.
– C’est formidable de se retrouver après si longtemps, dit-il, il faut absolument fêter cela!
– Non mais… Non mais, c’est pas vrai, t’es devenu un vrai bourgeois!
– Comme tu vois, et je suis tellement heureux, tiens, je t’invite ce soir au spectacle. Mais A UNE CONDITION, UNE SEULE (ET J’INSISTE)… C’est que tu passes d’abord à la maison pour te « décrasser » et t’habiller correctement car tu sens la moufette.
Après une brève hésitation, les souvenirs de bonne camaraderie l’emportent et le vagabond accepte les conditions. Il passe par la salle de bains et en ressort, méconnaissable, fraichement « costumé » et « cravatté ».
Au soir, nos deux compères prennent place… La salle est bondée. Mais quelque chose ne va pas. Ça sent! Ça pue! Les gens se retournent!
– Ordure! tu n’as pas tenu parole. Tu es toujours aussi dégoûtant. C’et intenable.
– Minute! Je n’accepte pas que tu doutes de ma parole, je te jure, j’ai tout fait comme tu me l’as demandé ; je me suis lavé, savonné, de la tête aux pieds, j’ai changé tous mes vêtements, jusqu’à mes bobettes! Tiens, si tu en veux la preuve… J’ai encore les sales dans ma poche!