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La maison du Sheik

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Chez Gloria
Mohammed Al-Fassi se prétendait un sheik d’Arabie Saoudite. En fait, il n’a jamais été un sheik de sa vie. La fortune lui est tombée dessus le jour où, dans les années 70, sa sœur a épousé un prince marocain milliardaire et a décidé d’aider le frérot.

La famille avait des origines très modestes.

Donc dans les années 80, avec un entourage de 170 personnes, Al Fassi décide d’aller vivre en Californie avant de venir s’installer définitivement en Floride. L’homme voit grand et large. Il habite le Diplomat à Hollywood, achète des châteaux à Hollywood, Miami Beach, Kendall, Golden Beach et Star Island. Il fait la fête. Rien n’est trop beau, trop gros, trop ambitieux, trop cher, trop fou. Il claque les doigts et tout lui arrive sur un plateau d’argent. Il mène la grande vie avec ses châteaux, son jet privé, ses chevaux, son zoo, ses yachts, ses 36 autos, ses résidences partout dans le monde et dans tous les Hilton de la terre. Il a tout ce qu’un être humain peut désirer et plus encore.

Devant lui, tout le monde fait la révérence et marche de reculons. Il est impensable de lui tourner le dos. Il s’était donné tellement de titres que son passeport en était rempli. Les gens le respectent, il est invité partout et il reçoit tout le monde. Il est une notoriété, une star. Même que l’ancien maire de Miami Joe Carillo lui remet les clefs de la ville. Même que la police de Hollywood augmente le nombre de ses effectifs pour assurer la protection de monsieur au Diplomat…aux frais des contribuables, bien sûr.

Après quelques mois, Il doit quitter le Diplomat…le montant de sa facture non payée s’élève à plus de 3 M$. Pour se faire pardonner, il offrira de donner une somme énorme à un futur club, le Boys & Girls Club à condition que Hollywood lui remette les clefs de la ville. Cathy Anderson commissaire à la ville de Hollywood rappelle que le sheik était une source constante de nouvelles et de potins juteux.

Son nom figure partout, avec les plus grands de ce monde.

Il aime faire la charité, mais il aime également choquer, provoquer, faire rager ses voisins. Et sa première femme qui a fini par demander le divorce et réclamer 77 M$ comme prime de départ sur une fortune évaluée qu’à 164 M$. L’homme est flamboyant, ses histoires d’amour défraient les manchettes toutes les semaines. Sa vie de jet setter fait l’envie de tous. Il est respecté, vénéré, adulé, adoré.

Bien sûr, l’entourage paye avec une carte de crédit ou mieux encore, fait tout porter au compte de monsieur Al Fassi…Des millions de dollars ainsi dépensés.

Régulièrement, les poursuites judiciaires pleuvent sur ses pauvres épaules. Les créanciers réclament leur dû. Il ne règle jamais rien, sauf les dons qu’il fait aux œuvres de charité. C’est sa première femme qui lui fait des problèmes. Elle le fait arrêter à quelques reprises pour non paiement de pension alimentaire.

Dena Al-Fassi n’entendait pas à rire et n’avait surtout pas l’intention de vivre une vie de pauvresse.

Le party s’est arrêté dans les années 90. Un beau jour, Al Fassi et son entourage ont emprunté un jet privé et ne sont jamais revenus. Le total de ses dettes se chiffre en millions. Il n’a jamais repayé personne, violé toutes les lois, fait ses quatre volontés, volé tous et chacun. Il est reparti comme il était arrivé. Sans dire bonsoir et merci.

Une très petite fortune pour un homme ayant ramé aussi large. Pour les véritables riches, il est considéré comme un pauvre, mais il a vécu en milliardaire toute sa vie. Il est mort à 50 ans la veille de Noël des suites d’une hernie au Caire en Egypte après avoir donné son appui à Saddam Hussein, laissant en Floride des dettes incalculables et une réputation de bon vivant. Comme il n’a pas vraiment payé pour son flamboyant style de vie, il est mort riche et ses héritiers sont heureux.

Absolument incroyable comme histoire…mais, il y a des jours où je me demande sérieusement si ça vaut la peine de travailler comme on le fait pour avoir si peu au bout de l’année et tirer le diable par la queue. Des fois, je pense que je fais pas la bonne job et je me déteste.

Al Fassi était un escroc, mais tellement intelligent dans son histoire. Un Arsène Lupin nouvelle génération. Il avait un peu d’argent mais du front tout le tour de la tête.

Au fait, son palais de Star Island est aujourd’hui habité par la chanteuse Gloria Estefan. D’origine cubaine, Gloria et son mari Emilio ont réussi à bâtir un véritable empire à Miami avec le Miami Sound Machine. Gloria a réalisé l’American Dream…Rien n’est impossible.

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Journaliste depuis près de 50 ans, Michèle Sénécal a fait ses classes avec des grands du monde de l’édition de l’époque comme Yves Michaud, Jean-Charles Harvey, Edward Rémy, André Robert. Travaillante acharnée, elle a touché à tout dans le métier. Des affaires sociales au milieu du show-business, elle a toujours roulé sa bosse. Durant son parcours, elle a dirigé des publications chez Québecor, collaboré au Journal de Montréal et compte à son actif, quelque 250 histoires d’amour pour les magazines Québecor de l’époque. En semi retraite, elle rédige la chronique Showbiz dans Planète Québec depuis les débuts du magazine et, avec Yvonne Courage, elle a fondé Destination Soleil, un cyber magazine sur la Floride en novembre1999.