Plus de 200 méringues carnavalesques, toutes tendances confondues, (Konpa, racine, rap, ragga, reggae…) ont été envoyées jusqu’ici aux stations de radio et de télévision dans le cadre des festivités 2008.
Mais elles ne sont qu’une trentaine en rotation.
Le thème ‘environnement’ (rale mennnen vini pou yon Ayiti vèt) sous lequel le carnaval a été placé, n’a été que frôlé par quelques rares groupes, alors que les problèmes écologiques sont de plus en plus cuisants en Haïti avec notamment les pertes en vies humaines et les dégats matériels causées en 2007 encore par des catastrophes naturelles .
Les problèmes sociaux, politiques, judiciaires, l’insalubrité, la présence étrangères ont pris le pas, une fois de plus, cette année.
Quelques groupes privilégient encore les polémiques traditionnelles qui donnent sel et piment au Cranaval, mais ne touchent que de façon superficielle les problèmes sociaux.
N’empêche que la méringue du groupe Krezi Mizik (konpa) est très prisée et très sollicitée avec ses nombreuses variations, diversités et aussi ses slogans.
Le carnaval de son rival ‘Kreyòl la’, formation issue comme lui de Feu Konpa Kreyòl, attire également des sympathies, de même que celui de l’attirant Carimi et …. de Sweet Micky.
Dans la catégorie racine, le groupe RAM a fait une percée extraordinaire avec sa ‘Défilé’, cette dame réputée folle qui a ramassé les restes de l’empereur assassiné, Dessalines.
Ram déplore qu’on s’attache à fêter la mort de Dessalines tout en ignorant sa vie.
‘Dessalines, papa Dessalines, tu resteras toujours mon général’, réfrain entraînant d’une méringue profondément patriotique qui peut aspirer légitimement à tous les honneurs à l’issue ds 3 jours gras (3, 4 et 5 février).
D’autres groupes ‘racine’ commme ‘Rèv la’, estiment que rien n’a changé malgré les sacrifices du peuple depuis l’ndépendance (1804), Shabba appelle à l’unité pour retrouver le chemin de la souveraineté (perdue avec la présence d’une force étrangère).
‘Démélé’ réclame une justice égale pour tous. ‘Voix des îles’ demande securité, éducation et santé, denonce le ‘black out’, les pillages des caisses de l’Etat et les pratiques de coup d’état’
Dans le même sens, le nouveau groupe ‘ Lojik la’, fustige les putsch et l’exil. Il estime que le gouvernement ne peut prétendre ignorer les problèmes du pays et ceux qui tracassent les masses défavorisées.
‘Quand nous en aurons assez et frapperons du pied, on dira de nous que nous sommes des chimères’, prévient le lead vocal de ‘Lojik la’.
Les méringues des groupes Brothers Posse, King Posse (reggae), Barricade Crew et Rockfam (Rap) sont également très sollicitées.
Quant aux 2 grands rivaux Djakout Mizik et T. Vice, ils continuent comme d’habitude de traîner les pieds: c’est à qui sortira sa méringue le dernier, pour pouvoir l’ajuster en fonction des attaques de l’autre.
Malheureusement, la plupart du temps, l’art et la musique souffrent au profit de répliques sèches et sans inspiration, de dernières minutes.
Cette obstination prive le public et les fans, du plaisir de savourer les méringues de ces deux groupes pendant un temps raisonnable.
La musique haïtienne particulièrement le ‘konpa direct’ a fait des progrès significatifs au cours de ces dernières années, nourrissant même l’espoir de percer le marché international, avec le concours de Wyclef Jean, star haïtienne de renommée internationale.
Mais beaucoup déplorent le fait qu’on ne peut plus danser au bal. Les pistes de danse sont généralement occupées par des gens criant à l’instigation de musiciens dont les principaux slogans sont ‘ Rele anmwe, leve men nou anlè’, au grand dam de ceux qui souhaitent passer un bon moment.
‘En Haïti, les gens vont traditionellement au bal pour danser. Les scènes d’hystérie, devraient être reservées pour les festivals’, a admis un musicien dont le groupe compose beaucoup de morceaux, style ‘Konpa Love’.