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Mort de Michel Legrand « un inépuisable génie »

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Mort de Michel Legrand  « un inépuisable génie »

Le compositeur, auteur notamment des «Parapluies de Cherbourg» et des «Demoiselles de Rochefort», est décédé dans la nuit du 25 au 26 janvier à Paris à l’âge de 86 ans, a annoncé samedi son attaché de presse.

Le compositeur de musique Michel Legrand, créateur notamment des thèmes des films «Les Parapluies de Cherbourg» et «Les Demoiselles de Rochefort», est décédé dans la nuit à Paris à l’âge de 86 ans, a annoncé samedi 26 janvier son attaché de presse. Au cours d’une carrière de plus de 50 ans qui lui a valu une renommée mondiale et trois Oscars pour ses musiques de films, ce musicien touche-à-tout a travaillé avec les plus grands de Ray Charles à Orson Welles, en passant par Jean Cocteau, Frank Sinatra, Charles Trenet et Édith Piaf. En 2013, Libération lui consacrait ce portrait à l’occasion de la sortie d’un coffret de 15 CD et d’un album de duos avec Natalie Dessay, et de la publication de sa première autobiographie.

Pour la plupart des gens, des Français du moins, Michel Legrand est «la moitié de Demy», comme il l’écrit lui-même. On dirait presque : et vice-versa. Une chambre en ville (musique de Michel Colombier), c’est comme si ce n’était pas le même réalisateur que celui des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de Rochefort.Qu’on enlève la musique de l’un ou les images de l’autre et l’œuvre de chacun semble bizarrement amputée. Pire qu’Une chambre en ville, il y a Trois Places pour le 26, le dernier film de Demy, en 1988, «en-chanté» par Legrand. Le compositeur prend volontiers une part du ratage : «J’arrange une partie de la musique avec des machines, précisément pour avoir une couleur plus contemporaine. Est-ce une bonne idée ? Sur le moment, j’en suis convaincu. Avec le recul, beaucoup moins : les rythmiques électroniques et les sons de synthétiseur font comme une tache d’huile de l’époque à laquelle le film est tourné.» Misère du son des années 80.

Outre, bien sûr, la maladie de Demy à cette époque, qui le laisse «ailleurs», écrit Legrand, le défaut d’alchimie vient sans doute de ce que Montand chante lui-même les chansons. Or, le secret de la réussite absolue des Parapluies ou des Demoiselles, c’est que les acteurs ne chantent pas leurs rôles (même si l’on croit souvent, tant la ressemblance de timbre est frappante, que Deneuve est une super soprano). Mieux : les acteurs doivent indexer leur jeu sur la voix des chanteurs, pré-enregistrée, mais sous leurs indications. En studio : «Je ressens un certain trouble à avoir devant moi les deux interprètes de Geneviève, ses deux composantes chimiques. Cinquante pour cent de Danielle et cinquante pour cent de Catherine vont fusionner pour former cent pour cent d’une nouvelle entité, un personnage de synthèse qui échappe complètement à l’une comme à l’autre.» Magie d’outre-monde du cinéma, le personnage est un spectre, une chimère, rien à voir avec la présence théâtrale, évidemment. La suite…

Retour en images sur les plus belles réalisations de Michel Legrand, auteur de la bande originale des inoubliables « Parapluies de Cherbourg » ou « Demoiselles de Rochefort » et de dizaines d’autres films. Il était, depuis la disparition en 2009 de Maurice Jarre, le plus célèbre compositeur français de musique de films en activité dans le monde.