Lettre envoyée au Ministère de la Justice
Procès d’Annette Auguste le 14 aout 06
Procès d’Annette Auguste le 14 aout 06
Me. René Magloire
Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
Ministère de la Justice
18 Avenue Charles Sumner
Port-au-Prince, Haïti
Monsieur le Ministre,
Je désire par la présente vous exprimer ma grande appréciation du fait que la date du procès des prisonniers politiques détenus en relation avec les incidents du 5 décembre 2003, ait enfin été fixée, et ce, au 14 août, c’est-à-dire ce lundi. Je vous exhorte à déployer tous vos efforts afin que ce procès soit juste pour toutes les parties concernées, et particulièrement les accusés.
Comme vous le savez, Annette Auguste (Sò Ann), Georges Honoré et Yvon Antoine (Zap Zap) sont en prison depuis plus de deux ans en rapport avec cette affaire, et Paul Raymond, depuis un an. Aucun témoignage n’a été porté contre les accusés, et deux années d’enquête judicaire n’ont pu produire ne serait-ce que l’ombre d’une preuve contre eux.
Le procès du 14 août offre une occasion de montrer que le système judiciaire haïtien peut rompre avec son histoire des deux dernières années, au cours desquelles ce système a été utilisé en tant qu’instrument de répression, et non de justice. Certaines mesures s’imposent donc de votre part :
· signaler au Commissaire du Gouvernement qu’il doit garantir un traitement juste aux accusés ;
· assurer une sécurité et un support logistique adéquats lors du procès ;
· et si nécessaire, agir contre tout éventuel procureur ou juge qui abuserait de son pouvoir pour violer les droits humains et constitutionnels d’un accusé.
Je vous remercie à l’avance de l’attention que vous portez à cette affaire.
Veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs, ainsi que mes vux de justice pour tous les Haïtiens.
Vous avez été entendu!!!
Le tribunal criminel de Port-au-Prince ordonne pour ‘absence de preuves’ l’élargissement immédiat d’Annette Auguste alias Sò Ann, de Paul Raymond, d’Yvon Antoine dit Yvon ZapZap et de Georges Honoré ; aucun témoin à charge ne s’est présenté ; les partisans de l’ancien régime se réjouissent de ces libérations demandées deux semaines plus tôt par Amnistie Internationale.