Home On en parle! L’AMÉRIQUE SOUS SURVEILLANCE

L’AMÉRIQUE SOUS SURVEILLANCE

0

AT&T, Verizon et BellSouth : les trois principaux opérateurs téléphoniques qui ont accepté de collaborer avec l’agence de sécurité NSA.
Recu de Carl Fombrun du Coin de Carl

Dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », le plus secret des services de renseignement américains, la NSA (National security agency) aurait mis en place un système de surveillance du téléphone et du courrier électronique à une échelle gigantesque, révèle le quotidien USA Today.

Décrocher son téléphone pour appeler un ami, envoyer un courrier électronique, autant d’activités devenues tellement banales qu’on a peine à croire qu’elles puissent intéresser les services secrets américains. Et pourtant… Le quotidien USA Today révèle que l’administration Bush a fait développer dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » la plus grande base de données jamais constituée dans le monde.
S’appuyant sur différentes sources anonymes, USA Today assure que la plus secrète des agences de renseignement fédérales, la NSA (National security agency) vise à traquer chaque coup de fil passé sur le territoire américain. Des « dizaines de millions de citoyens » seraient ainsi surveillés quotidiennement sans le savoir.

Les informations que collectent les « grandes oreilles » américaines dans le cadre de ce programme ne sont pas des écoutes téléphoniques au sens habituel du terme. Il s’agit ici de savoir qui appelle qui, avec quelle fréquence. L’objectif est de mettre en lumière les réseaux de relations d’une personnes avec d’autres. Il existe par ailleurs d’autres programmes de la NSA qui visent bien à écouter les conversations de certaines personnes, mais à une bien moins grande échelle pour ce que l’on peut en savoir.
C’est le mode de fonctionnement des réseaux terroristes qui rend utile ce genre d’approche, estiment de nombreux experts. Fonctionnant avec des hiérarchies floues et mouvantes, les réseaux n’ont pas toujours un leader formellement identifié pour une longue période, ce qui rend difficile le travail de police ou de renseignement habituel. Avec ce type d’informations, il est assez facile de déterminer toutes les relations d’une personne identifiée comme un terroriste présumé.

Lancé dans la foulée des attentats du 11-Septembre, le programme révélé par USA Today a été rendu possible par les incroyables capacités technologiques et le savoir-faire acquis au fil des ans par la NSA. Créée au temps de la Guerre froide pour espionner l’Union soviétique et ses alliés, cette agence de renseignement, dont l’existence même a longtemps été niée par les autorités américaines, s’est fait une spécialité des écoutes téléphoniques et de la cryptographie (technique pour créer des messages codés ou pour « casser » les codes des ennemis).

Les évolutions géopolitiques ont conduit l’Agence à délaisser quelque peu l’ex-URSS après la chute du mur de Berlin pour utiliser ses capacités à défendre les intérêts économiques américains à travers le monde avant de s’engager largement dans la lutte antiterroriste après le 11-Septembre.
Aujourd’hui, la NSA (dont ni les effectifs réels, ni les budgets ne sont connus) est considérée comme l’un des organismes les plus en pointe dans le domaine de l’extraction de données. Elle est capable de collecter des masses considérables d’informations mais aussi et surtout d’extraire de cette masse l’information pertinente. Et c’est cette capacité qui change tout.

Les trois principaux opérateurs téléphoniques impliqués
En effet, la pratique de l’établissement du réseau de relations d’un suspect est une technique employée par toutes les polices du monde dans le cadre d’une enquête. Des outils informatiques viennent même aider les enquêteurs dans ce travail.

Pour parvenir à collecter les informations sur les communications de « dizaines de millions d’Américains », la NSA a dû faire appel aux principaux opérateurs téléphoniques du pays : AT&T, Verizon et BellSouth. Un quatrième, la société Qwest, a refusé malgré de fortes pressions de répondre aux injonctions de l’agence de renseignement en estimant que les garanties juridiques étaient insuffisantes.
Et c’est sur ce point que les révélations de USA Today provoquent l’émoi aux Etats-Unis (comme l’avaient fait fin 2005 les informations du New York Times révélant un programme similaire mais visant seulement les communications en provenance ou à destination de l’étranger).

Le respect de la vie privée au centre du débat

Premier élément de débat : la surveillance électronique mise en place par la NSA violerait le droit à la vie privée. Sur ce point, les débats s’annoncent longs, difficiles et incertains estiment de nombreux juristes américains. Peut-on considérer qu’il y a atteinte à la vie privée si le contenu des communications n’est pas écouté ? La NSA dispose-t-elle seulement des numéros de téléphone dans ces bases de données ou bien a-t-elle établi des liens avec le noms, l’adresse et d’autres données personnelles qui ne seraient pas fournies par les opérateurs téléphoniques ?

Deuxième élément du débat : l’administration américaine a-t-elle mis en place ce dispositif en suivant les procédures prévues par le droit américain ? Là encore, la polémique s’annonce ardue.

Pour l’heure, George Bush considère que la fin justifie les moyens. Evaluant les périls que la révélation de l’existence de ce programme par la presse faisait courir à son administration, il s’est empressé d’intervenir à la télévision pour assurer que la NSA ne procédait à aucune « écoute » et que la vie privée des Américains était « farouchement » protégée.
Le président américain avait décidé quelques jours auparavant de nommer à la tête de la CIA, l’homme qui est à l’origine de ce programme de surveillance au sein de la NSA. Le général Hayden doit maintenant être confirmé par le Sénat. Nul doute que son audition sera… écoutée avec attention.

Recu de Carl Fombrun du Coin de Carl Merci…