En déambulant dans la Collins Avenue, malgré l’exode des Québécois, un exode provoqué par la disparation des motels, on rencontre toujours des nôtres, qui y tiennent des emplois depuis plus de deux décennies. De brèves rencontres avec Jaques Roberge, Ginette Doré, Monique Fortan…
Après quelques séjours en tant que vacancier, Jacques Roberge débarque pour de bon en Floride, en 1980 :
« Tu avais l’impression d’être chez toi, tu trouvais toujours un Québécois pour t’aider. »
À son arrivée, ce gradués en sciences de l’Université du Québec, travaille au pool bar du Beacharbour. Le soir, il fait de la musique pour Gaston Beaulieu au Château, place typiquement québécoise en hiver et européenne en été.
Chanteur et entrepreneur
À partir de ce moment là, entrepreneur, notre homme ouvre des boutiques souvenirs au Waikiki, Golden Nugget, Colonial, Thunderbird.
D’autre part, en 1992-93, il prend la concession du bar au Tangiers.
Musicien pour quelques artistes de passage à Sunny Isles, Jacques dira de Pier Béland : « Une petite femme charmante, l’artiste avec laquelle j’ai aimé le mieux travaillé ». De Paolo Noël : « J’ai aussi adoré travaillé avec Paolo. Il attirait beaucoup de monde, grâce à son charisme et à son naturel. Les gens étaient porté à s’approcher de lui… le gars le plus sympathique sur la planète. »
Dans l’immeuble
Depuis une douzaine d’années, Jacques Roberge a sa licence de courtier en immeubles. Il nous raconte que de 1970 à 1992 environ, les Québécois avaient le contrôle sur la plage, à Sunny Isles. Puis les Cubains se sont installés et la langue latine s’est propagée, ce qui se reflète dans l’immeuble. Présentement, selon lui, le latin occupe 62% de Dade County, là où se trouve Sunny Isles.
« Du nord au sud, nous dit-il, il y a huit ans, sur 280 condos, 50% des propriétaires étaient Québécois…maintenant, même pas 5%. »
Roberge loue et vend des condos, notamment au Laurier, Le Cartier, le Maisonneuve, le Frontenac, les Québécois qui y habitent vont-il rester ? « C’est selon l’économie canadienne ».
Un phénomène qui se produit au Golden Strand et qui est à retenir : les développeurs de l’endroit, achètent les semaines de vacances à temps partagé des présents occupants, pour les revendre aux bâtisseurs de tours luxueuses… le dernier bastion serait-il en train de tomber… ?
Au sujet de ces nouvelles tours à prix exorbitants, Jaques Roberge explique : « Elles ne sont occupées qu’à 25, 30% et ce marché rencontre des problèmes écologique et géographique : les égouts et une seule rue, la Collins. Si elles étaient occupées à 100%, il se produirait une catastrophe. »
Ginette Doré assistante gérante au Suez pendant 8 ans. Elle nous raconte qu’à l’époque, le propriétaire, Monsieur Lucas, avait deux caisses enregistreuses : une pour l’argent américain, une pour le dollar, car il avait accepté de prendre l’argent canadien au pair (sauf pour la location des chambres).
Comme son camarade Jacques Roberge, Ginette Doré s’est amenée en Floride pour de bon en 1980. Comme lui, est uvre désormais dans l’immeuble, après l’hôtellerie, au Golden Strand, Best Western, Suez. Aujourd’hui encore, elle prête main à Marie Galarneau au Thunderbird une ou deux journées par semaine.
A Guidance Realty, Ginette Doré se veut une conseillère de choix pour les Québécois désirant acheter un brin de soleil… Quoique pour cette femme originaire de Saint-Jean d’Iberville, celui-ci est devenu trop chaud en été. Elle revient donc régulièrement au Québec dès que les journées chaudes arrivent.
Pour la Beauceronne Monique Fortan, pas question de retour au Québec en été. Depuis 25 ans qu’elle jouit du soleil floridien… autant d’années employée au Thunderbird. Ce fut d’abord au restaurant Christine Lee, maintenant dans les salles à manger opérées par Marie Galarneau.
Monique se rappelle vivement de la belle époque du réputé Christine Lee alors que les acteurs (Elton John, Linda Evans, Jerry Lewis, George Michael) arrivaient en limousines.
« On servait parfois 1 200 personnes par soir, on tournait les tables 4 fois », raconte Monique.
Mais pourquoi rester aussi longtemps dans le même hôtel ?
« Parce que j’ai tout le temps les mêmes clients qui reviennent à chaque année. Quand ils demandent : « Hey. Monique est-elle encore ici », ça me fait chaud au cur. »
Monique est mariée à un Cubain… qui lui sert ses mots d’amour en français !