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Chez Suzanne et Gilles Tardif

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Suzanne et Gilles Tardif ont découvert la Floride à la fin des années cinquante. En 1962 ils s’y installaient pour de bon. « J’étais tannée du froid », de dire Gilles qui fut bell captain au Suez, et au Beacharbour.
Tandis que Suzanne a œuvré dans l’hôtellerie au Sahara et au Desert Inn, notamment.
Ce sympathique couple, en constante relation avec le public, représente l’exemple parfait de Québécois ayant su s’adapter dans ce pays du soleil.
Suzanne et Gilles nous accueillent chez eux.

Au Desert Inn

D’abord employée dans une compagnie de téléphonie, Suzanne rêvait d’aller dans l’hôtellerie. Gérante au Sahara de Sunny Isles, elle est passée au Desert Inn pour Guy Lévesque et Huguette Martineau.
« C’était un des gros endroits pour les Canadiens français. C’était la place ! Avec des shows toutes les semaines et des bingos l’après-midi.
Après cela, en 1987, je m’en suis allée à Surfside.

À Surfside

Suzanne rappelle qu’à la fin des années cinquante et au début de l’autre décennie, un fort contingent de Canadiens français vivaient entre la 69e et la 88e Street, sur la Collins.
Si la plupart étaient des snowbirds, d’autres y demeuraient à l’année longue.

Il y avait quelques hôtels de prestige dont le Beakman qui appartenait à Robert Juster –le mari de Diane, la chanteuse- et le « 8801 « où elle a aussi travaillé
Ces derniers endroits accueillaient les Québécois les plus fortunés : Jean Coutu, Réjean Desjardins, Daniel Johnson, le ministre Paul Dozois… Dans le coin, le restaurant « Ma petite folie » recevait à sa table Jean Lesage et René Lévesque.

Aujourd’hui, Suzanne Tardif rencontre la clientèle au Seaway Villa de Surfside.

Multiples emplois

Rosemontois, employé de Canadair jusqu’en 1958, Gilles Tardif ne parlait pas un mot d’anglais lorsqu’il s’est pointé en Floride. N’empêche :
« J’ai toujours trouvé que les Américains c’est pas comme les Anglais de l’autre bord : ils riront pas de toi, ils vont te reprendre, te dire le vrai mot, tsé. Ça les amusait…

Un emploi à l’aéroport de Miami, un paint job avec un autre Canadien (ils peinturaient des avions), d’autres emplois à Eastern Airlines, à Pan American, puis dans la construction, notre homme savait se débrouiller :
«Du gyprock j’en ai posé. Mais les Cubains, sans aucune expérience, ont commencé à arriver sur les jobs. Alors j’ai dit : « Ah ! Fini ! »

Gilles à Sunny Isles

Gilles Tardif est donc devenu bellman au Suez :
« On vendait des tours (excursions dans parcs thématiques du sud de la Floride) aux Canadiens. Ça roulait dans ce temps-là, dans les années 80, les grosses années…

J’ai aussi travaillé au Beacharbour pour un Monsieur Dubois (Yvan).
J’ai fais ce travail-là pendant environ 7 ans, puis les Allemands ont commencé à rentrer en Floride, ils organisaient aussi des tours. Alors ça achevait pour nous autres… De mille piastres par semaine, je suis tombé à 200$

Chez les millionnaires

Depuis quatorze ans , Gilles Tardif œuvre au club de golf Indian Creek, en charge de l’accueil, a des employés qui travaillent pour lui. Un travail qui lui plaît parce que entouré du public :

« J’adore cet ouvrage-là. Parce que 90% des clients sont millionnaires, puis quand ils t’acceptent, tu ne peux pas t’imaginer comme c’est du bon monde.

-On ne s’amuse plus de votre anglais… ?
– Ah non. Écoute, j’ai pas de misère là… Mais tu sais, les Canadiens français, on s’est toujours aperçus qu’ils ne se forçaient pas pour apprendre l’anglais. Un jour, quand je travaillais au Beacharbour, il y avait des filles qui passaient leurs grands après-midis puis leurs soirées dans le lobby.

Je leur demandais : « Ben vous visitez pas ? C’est pas des vacances… » – « Oui, mais on ne parle pas anglais », me répondirent-elles. C’est effrayant de voir ça. Parce que si tu voyages aujourd’hui, si tu veux voir quelque chose, ça prend l’anglais… »

Beau et froid le Québec

Les Tardif, Suzanne et Gilles habitent un bungalow adjacent à celui de leur fille qui a marié un Américain. Ils sont heureux au soleil. Quoique, dixit Gilles :

« La province de Québec c’est bien plus beau que la Floride si tu y penses. Il y a beaucoup plus de décors. Mais je n’aime pas le froid. Quand je travaillais à Canadair, je prenais l’autobus Beaubien, puis un autre et le tramway Cartieville, avec mon lunch sous le bras. Et puis j’arrivais, mon homme c’était gelé. »

Voilà pourquoi Suzanne et Gilles ne visitent le Québec qu’en été…


Votre pas toujours tellement humble serviteur chez Suzanne et Gilles Tardif