Lors de notre chapitre précédent, nous avons suivi Carmen Boivin, dite Carmen de la beach, dans sa mouvance à Sunny Iles, transportant ses pénates et sa bonne humeur du Concorde, à l’Hawiian Isle, au Sun City, au Tangiers, nous la retrouverons un moment au Blue Seas. Et puis, de derrière le comptoir de son bar au Thunderbird, elle brasse de joyeux souvenirs, avant de nous avouer son mal du pays, le Lac St-Jean.
Lisons Carmen, la dernière véritable amazone de Sunny Isles nous raconter l’une de ses virées…
« Les bartenders, mes amis, on allait se faire bronze pendant deux heures en avant de mon pool bar, au Concorde, puis ensuite, on partait. On allait à un bout de la beach, dans les bars où nous avions des connaissances et puis on revenait dans l’autre sens. On allait du sud au nord et du nord au sud en taxi.
« Bien souvent, nos escapades de l’après-midi se terminaient Chez Guillaume du Desert Inn où Jean Denis nous gardait pendant le bingo. Par après, nous prenions une douche afin de commencer notre chiffre à huit heures du soir (c’était quand elle ne travaillait pas l’après-midi) et nous ne terminions jamais avant cinq heures du matin… »
Le travail dans la joie
Carmen nous avait parlé du Sun City »le plus grand trou de la ville » mais où elle a fait beaucoup de sous…
Début de la décennie de 1990, la veille du Jour de l’An, le propriétaire s’envole pour un monde meilleur. En après-midi, Carmen s’amène pour les derniers préparatifs en vue du party de fin d’année, on lui apprend que l’hôtel a été repris par la banque.
Pas le temps de penser, avec sa partenaire américaine répondant au prénom de Jenny, elles courent au motel voisin, le Blue Seas. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un arrangement est passé et nos deux femmes acquièrent la concession du bar pour une période de six mois.
Mais pour le moment, il y a un party à organiser…
« J’ai mis une affiche et une flèche dans la porte du Sun City, prévenant que la fête avait lieu chez le voisin. Les clients (rires) n’étaient plus des clients mais des employés qui transportaient le matériel et la boisson, qui installaient les ballons.
« Si bien qu’à 10 heures du soir, on ouvrait nos portes officiellement avec Jean Larose comme musicien-chanteur. Le party a duré jusqu’à 7 heures du matin, ce fut l’un des plus beaux Jour de l’An que j’aie passé. »
Nostalgie
Ce même jour de notre XIème interview, nous passons du rire…à l’oeil embué quand Carmen Boivin nous parle de son pays…
« – Carmen, quand ça va se terminer ici, au Thunderbird, quand ils vont démolir comme ailleurs, quelle sera votre prochaine destination ?
– Eh, moi, j’aimerais retourner chez nous. Le Canada c’est mon pays, ça a toujours été mon pays. Au Lac Saint-Jean, j’ai une petite propriété sur le bord de l’eau. Je voudrais y ramasser mes bluets comme je le faisais auparavant. Je voudrais faire du canot. Je m’ennuie aussi de la neige.
– On s’ennuie, alors ?
– On s’ennuie. On s’est toujours ennuyé. Le Canada, ça reste mon pays, le pays de mes rêves… »
Maintenant que la vie s’effrite à Sunny Isles comme un beau château de cartes, maintenant qu’il ne reste plus que des souvenirs fous, fous, fous, que l’on prend de l’âge et que les chaleurs d’été deviennent insupportables, Carmen Boivin n’est pas la seule à vouloir revenir au « Canada ».
Petit à petit, on revient dans son berceau.
Carmen Boivin…quand elle voit la vie en rose (Photo :Pierre Luc)
Réception de 5e anniversaire du Carmen’s Place au Tangiers, le 25 novembre 1995. Carmen Boivin, Carole Gauthier (dite « la grande Carole ») et Carole Desroches (dite « la petite Carole »). (Photo : Georges Dubé)
En French Maid, à l’Halloween 2004, au Bird Cage du Thunderbird. (Photo : Georges Dubé)
Carmen Boivin…quand elle voit la vie en rose (Photo :Pierre Luc)
Réception de 5e anniversaire du Carmen’s Place au Tangiers, le 25 novembre 1995. Carmen Boivin, Carole Gauthier (dite « la grande Carole ») et Carole Desroches (dite « la petite Carole »). (Photo : Georges Dubé)
En French Maid, à l’Halloween 2004, au Bird Cage du Thunderbird. (Photo : Georges Dubé)