Carmen Boivin sévit en Floride depuis 1971. Vous pouvez rencontrer cette femme énergique du Lac St-Jean au bar Bird Cage du motel Thunderbird. Où l’enthousiasme qui a caractérisé cette prêtresse des nuits de Sunny Isles ne se dément pas. Dans cette première présentation, examinons le parcours spectaculaire de la vraie dernière amazone de la beach.
Avant de s’amener en Floride, Carmen Boivin a séduit la clientèle de l’ancien club Playboy de Montréal, et ensuite de celui de Miami… même si elle parlait très peu en anglais.
L’année 1972 a vu cette tornade dans un petit bar de Miami Beach, le Chi Chi Lounge. La clientèle américaine qu’elle s’est bâtie là, jusqu’en 1983, la suivra beaucoup plus au nord, à ce qu’on appelait encore North Miami Beach (maintenant Sunny Isles).
« J’ai fait fortune là-bas », nous lance cette femme qui devient verbo-moteur lorsque mise en confiance. « Tu ne peux pas t’imaginer combien j’ai fais d’argent… Portée de la sorte sur la main par la clientèle, ça n’arrivera probablement plus jamais. À Noël, on m’apportait du Pierre Cardin, du Chanel… »
Toutefois, les choses changent au Chi Chi et Carmen met le cap vers Sunny Isles, où elle a déjà de nombreuses connaissances et amis. Elle s’installe au Concorde (ex-Alujo de René Beaulac), prenant possession du pool bar qui devient le Carmen’s Place, ainsi que le piano bar baptisé Le Flirt.
En plein air et sous une tente par temps mauvais, Jean Larose et Raymond Laroche font la musique. Jamais on ne revivra l’ambiance qui a régné-là.
Au Flirt, où Carmen avait Carol Ménard et Yves « Pluche » Roy comme partenaires, le Québécois Glen O’Neil charmait ces dames.
Ses clients les plus généreux ont nom Claude Meredith, Marcel « Le Chinois » Salvail et Willie O’Bront, dont elle a été la fiancée.
En 1985, Carmen Boivin vend à ses partenaires et prend un six mois sabbatique.
L’année suivante, la voici au piano-bar du Monaco, avant de passer au Outrigger, le pool-bar du Halwiian Isles pour Gino D’Arpino. Glen O’Neil la suit.
Puis la voilà dans ce qu’elle qualifie de « plus grand trou de la ville, mais la place où j’ai gagné le plus d’argent à Sunny Isles, soit au Sun City. Des Américains lui ont offert ce bar : « Ils m’ont redonné la chance de repartir du bon pied ! »
Carmen Boivin poursuit ses pérégrinations… sur une distance de moins d’un demi-mille. Quand le Sun City est repris par les banquiers, elle déménage chez le voisin, soir le Blue Seas. Elle nous racontera ce déménagement impromptu dans notre prochain chapitre de « Carmen de la beach ».
Elle va toutefois retourner au Concorde, endroit des folles nuits. Tout le monde veut s’y montrer. Y compris Michèle Richard qui t chante en fourrures, accompagnée par son amant de l’époque, le musicien Jimmy Davis.
Le handicap pour une entrepreneure comme Carmen, réside dans le fait que le permis d’alcool appartient toujours à d’autres et que faut faire avec. Si bien que le Dune’s profitera de ses services en 1990.
Nous arrivons ici à une autre étape importante dans la carrière de Carmen Boivin, soit au moment où elle se retrouve à un motel qui ne se paie pas de mine mais dont le bar et son plancher de danse font face à la mer, le Tangiers. Elle y restera de 1992 à 2001, année de la démolition de l’endroit, en compagnie de son bon ami et très sympathique gérant, Gaétan Racette.
Celui-ci se rappelle très bien que le succès de l’endroit revient aussi en partie au claviériste Gerry Duhamel qui s’exécutait sur la terrasse extérieure, de même que de Tony (Ricciuti) et Johanne (Scott), leur musique et leurs facéties.
N’oubliant pas l’inséparable compagnon de route de Carmen, Glen O’Neil.
« J’y ai connu un succès merveilleux », reprend Carme. « Je suis remontée au top et redevenue la fille que j’étais à 20 ans. »
Vrai que pendant ces années, la scintillante Carmen, derrière le comptoir, sur la piste de danse, ou au milieu de la clientèle, ressemblait à une boule de feu dans ses costumes déparés pour cette fin du 20e siècle mais qui lui auront toujours collés à la peau.
Avec sa compagne de longue date, Carole Desroches, Carmen rend les nuits joyeuses et les petits matins souriants au Tangiers.
Elle aimait tout le monde et tout le monde l’aimait.
Tout le monde l’aime encore d’ailleurs. Au Bird Cage, elle entame sa sixième année au service de Marie Galarneau-Steiner, dans une carrière qui ne semble pas avoir de fin.
« Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre. La vie ne me réserve que de beaux jours », insiste cette éternelle optimiste mariée à un Québécois naturalisé américain, Gerry Lafleur.
Dans notre prochain chapitre, Carmen de la beach nous livre d’autres états d’âme.
Nos photos :
Plaisir et musique sur la plage, au Tangiers : Carole Desroches, Carmen Boivin, le duo Tony & Johanne.
Soirée western en 1994 avec le regretté Normand Malo.
Les piliers du Tangiers des belles années : le proprio Tom Vlachos et le gérant Gaétan Racette (à droite), entourant la prêtresse des nuits de Sunny Isles.
Ce duo a réussi de beaux exploits : Carmen et la jolie Carole Desroches.
Plaisir et musique sur la plage, au Tangiers : Carole Desroches, Carmen Boivin, le duo Tony & Johanne.
Soirée western en 1994 avec le regretté Normand Malo.
Les piliers du Tangiers des belles années : le proprio Tom Vlachos et le gérant Gaétan Racette (à droite), entourant la prêtresse des nuits de Sunny Isles.
Ce duo a réussi de beaux exploits : Carmen et la jolie Carole Desroches.