On la pensait heureuse avec lui. Chaque fois qu’on la rencontrait, elle semblait respirer le bonheur, malgré un regard souvent fuyant. Enceinte, elle songeait à épouser le père de son enfant. Elle avait même fixé la date.
Et un beau soir, bang! Sa vie bascule, ses rêves s’effritent. Elle vient de recevoir une magistrale raclée.
Pour une niaiserie. Parce qu’elle lui a demandé de vérifier les freins de son auto.
Un il au beurre noir, couverte de bleus, le cur en lambeaux, Mélanie a fait son baluchon et s’est réfugiée chez sa mère. Du jour au lendemain, elle n’a plus rien. Rien sauf ses amis, l’enfant qu’elle porte, son travail et ses études.
On n’avait jamais supposé que Ron pouvait être violent. Mais, en quatre ans de vie commune, il l’avait toujours tassée dans le coin, tiré les cheveux, bousculée, bafouée, lui avait répété qu’elle était stupide, exigé une dévotion absolue, un amour inconditionnel, une admiration sans borne pour sa petite personne.
Violence verbale et physique.
Mélanie avait accepté tous ces affronts au nom de l’amour. Mais quand l’amour est allé jusqu’à la raclée, elle a compris qu’il ne changerait jamais. À 26 ans, Ron est le plus macho des hommes, mais il est si beau, si travaillant, si amoureux qu’elle se refusait de le voir sous son vrai jour.
Bien sûr, il lui téléphone, la supplie de revenir, lui promet qu’il va changer. Il la menace aussi.
Elle ne retournera pas vivre avec lui. Elle sait trop bien que l’histoire va se répéter à la première contradiction. Elle est belle, intelligente, fonceuse et travaillante. Elle a 24 ans et toute la vie devant elle.
Elle avoue qu’il lui a été très difficile de partir. La dépendance était là, l’habitude et la peur aussi.
Mélanie n’a plus le regard fuyant. Samedi dernier, elle soignait sa peine d’amour au Perrier à Fort Lauderdale.
Le calvaire est terminé. Les bleus sur le corps ont disparu mais ceux du coeur sont là pour longtemps.