Tourisme sexuel :
Ca ne date pas d’hier. Bien avant que le terme ne soit inventé, les stars du cinéma muet et les artistes célèbres se rendaient au Maroc et en Egypte pour rencontrer des indigènes. Les relations n’avaient rien de spirituel. Ils ont été les premiers à faire du tourisme sexuel, mais comme personne ne le savait, on n’en parlait pas. Leurs actes, quand ils étaient répréhensibles, ne donnaient lieu à aucune poursuite. Les droits de l’enfant n’existaient pas. De nos jours, tout est différent. Les lois ont changé. Les enfants sont devenus des personnes à part entière avec des lois pour les défendre et d’autres pour punir les abuseurs.
Certes, tourisme sexuel et pédophilie ne sont pas synonymes. Tous les amateurs d’amours exotiques et tarifées ne sont pas friands de chairs trop fraîches. Mais quand la misère sévit, prostitution adulte et prostitution enfantine ou adolescente vont presque toujours de pair. Et nombreux sont les touristes qui, sautant les frontières, s’autorisent à peu près tout. Pour eux, la planète est devenue un gros bordel. La destination idéale doit réunir beauté des paysages et des plages, intérêt des sites archéologiques, soleil, chaleur et exotisme. C’est la base.
Cuba a fait le ménage fin 1998. Fidel Castro ne supportait pas que son île soit considérée comme l’eldorado d’une sexualité débridée – et tarifée. Officiellement, la prostitution a disparu, mais au fond tout le monde sait qu’il n’en est rien. Les pays prisés depuis quelques années sont la République Jamaïcaine, Cuba, La Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge.
Selon l’Unicef, les touristes constituent 20 à 30% des clients des prostituées à Saint-Domingue, la capitale, et Santiago de los Caballeros, la deuxième ville du pays ; 60 à 80% sur les plages de Sosua ou Boca-Chica. Parmi les garçons et les filles qui se vendent, 30% auraient entre 12 et 15 ans. 25 000 enfants, dont 63% sont des filles, sont concernés par la prostitution. Là encore, comme au Cambodge et dans beaucoup de pays en voie de développement, des policiers, des militaires et certains politiciens corrompus participent à l’accroissement du phénomène, quand ils n’en tirent pas eux-mêmes profit.
Maroc, Tunisie, Egypte, pour un tourisme essentiellement homosexuel ; îles des Caraïbes, Brésil, Madagascar, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Bali, pour tous publics, et tout récemment Costa Rica. Sans compter les nouvelles Républiques de l’Est, où il fait moins chaud mais où la vulnérabilité des adolescents et des enfants vivant dans les rues de Saint-Pétersbourg, de Bucarest, de Varsovie prend des proportions alarmantes. On pourrait multiplier les exemples à l’infini. A chaque fois, c’est le dénuement d’une population qui profite au tourisme sexuel. A ces voyageurs qui ont les poches pleines et une morale à géographie variable.
Chaque année dans le monde, 1 million d’enfants entrent dans la prostitution. Trop longtemps, les touristes sexuels ont essayé de justifier leurs actes en invoquant des stéréotypes racistes et discriminatoires. On procède toujours de la même façon. On vend des êtres humains. Lorsque ces femmes ou ces adolescentes sont vendues, souvent à plusieurs reprises, par des réseaux de proxénétisme, chaque intermédiaire prend sa commission. Et endette un peu plus la victime, qui doit sans cesse rembourser ce qu’elle a coûté. Dédaignée par les grands truands occidentaux, qui la considèrent comme une source d’ennuis plutôt que de rapport, la prostitution intéresse désormais au plus haut point les mafias des pays en crise.
En quelques années, la vente du corps d’êtres humains, combinée avec celle de la drogue et des armes, a pris la dimension d’un trafic international. L’offre augmente avec la demande. Et la demande augmente sans cesse.
Tout dernièrement, l’acteur britannique Gary Glitter a été arrêté pour actes obscènes sur des enfants. Au moment de son arrestation le 19 novembre 2005 à l’aéroport d’Ho Chi Ming-Ville, il tentait de fuir pour la Thaïlande.
Quand on va voir la Thaïlande pour la cinquième fois, c’est sûrement pas pour voir le magnifique paysage…