Salut Pierre Bourgault
Le Québec a perdu un très grand orateur. Sans doute le meilleur depuis des décennies. Un grand orateur, un grand Québécois, un grand homme. Un bon ami aussi.
J’ai travaillé avec Bourgalt il y a plusieurs années. On était tous les deux chez Quebecor. Ca fait trop longtemps pour vous spécifier pour quel journal on signait nos chroniques. Têtu mais brillant, Bourgault ne s’en laissait imposer par personne. Il avait une tête de cochon et savait défendre ses idées. Pas toujours drôle dans une salle de rédaction. Il s’enflammait et pétait le feu.
A l’époque, travailler chez Quebecor, c’était du gâteau, l’université la plus profitable qui puisse exister. Tout le monde travaillait fort, mais on avait un fun noir. On était dans un Québec en pleine ébullition, ça bougeait, on vivait, c’était l’enfer.
On a souvent pris un ballon de rouge ensemble dans le Vieux-Montréal. Un homme passionné et passionnant. Pas en demi mesures. C’était noir ou blanc. Un grand gueulard, mais un bon gars. Compliqué par périodes, mais entier. Avec des peines d’amour énormes. Aussi grosses que le pont Jacques-Cartier. Il braillait souvent. Je l’ai consolé à plusieurs reprises. Bourgaut était un braillard. Il était gay et à l’époque, il l’assumait très mal. C’était pas vraiment de mise d’en parler.
On s’est souvent obstinés au sujet de la politique et des amours. On était à l’opposé l’un de l’autre. Il pensait noir, je pensais blanc. Des maudites bonnes discussions. Des maudites bonnes engueulades aussi.
Je garde de lui, le souvenir d’un homme charmant et bouillant, mais un homme de parole. Je suis contente de voir qu’un aussi grand homme ait fait partie de mon cercle d’amis à une certaine époque de nos vies.
On était jeunes, on était beaux, on voulait vivre et refaire le monde, on fumait notre petit joint et on le refaisait ce monde qu’on souhaitait et qui n’est jamais arrivé. C’était la belle époque. On vieillit et c’est la vie.
Salut Pierre!