Au début mardi matin, les gens croyaient que Steven Spielberg tournait un film d’horreur et que les autorités de New York avaient oublié de les avertir.
Personne ne croyait vraiment à un attentat terroriste. Tout au plus un terrible accident. C’est quand le deuxième avion a foncé tout droit dans le building qu’on a compris toute l’horreur qui se déroulait en direct sous nos yeux. C’était pas un show, c’était vrai! C’était pas du cinéma, c’était la réalité! Et ce qu’on regarde depuis ce temps, c’est encore la triste réalité. L’horreur sans effets spéciaux, sans musique. A couper le souffle. On tournera sans doute de nombreux films avec ces précieuses images.
Depuis mardi, la télé nous donne des frissons d’horreur. L’image qu’on nous renvoie des enfants palestiniens sautant de joie est atroce. Mais ces enfants sont heureux, pour une fois dans leur vie, ils sont du côté des gagnants. Ca écoeure!
Les médias font un travail extraordinaire. Ce n’est pas un show qu’on regarde, mais la reality-tv, la mort en direct, minute par minute. L’avion qui fonce, les gens qui sautent en bas du 100e étage, les tours qui s’écrasent, les corps qui tombent dans le vide, les débris qui revolent partout. La poussière, la fumée, les équipes de secours…Aucun réalisateur n’aurait pu nous montrer ça.
On n’arrive même pas à s’éloigner du téléviseur tellement les images sont intenses, les commentaires pertinents. On veut tout voir, tout savoir, tout comprendre. On veut, comme dans les vieux films de cowboys, que les méchants soient arrêtés au plus vite.
On a soif de vengeance. On boit les paroles de George W. Bush. On approuve quand il affirme que ça va faire mal et que le pays ne ménagera aucun effort pour retrouver les coupables.
Non seulement on ne ménagera pas les efforts, mais on ne lésinera pas sur la facture. C’est ce que les Américains voulaient entendre. C’est que le monde entier veut savoir. On entre vraiment dans le troisième millénaire. C’est pas du chiqué.
Partout dans le monde, les gens restent agglutinés à la télé. Tout est là, en couleurs et sur grand écran. Pas d’effets spéciaux, l’horreur est bien réelle. Partout on a installé des téléviseurs pour que le public ne manque rien.
Et tout d’un coup, plus rien n’a aucune espèce d’importance. Tout est relégué aux oubliettes. Les politiciens peuvent faire ce qu’ils veulent, on ne les écoute même pas, le ministre québécois Guy Chevrette peut rouler à 150 km heure, on s’en fout, Britney peut avoir cinq serpents enroulés autour du cou, so what? Il peut arriver n’importe quoi, le monde ne veut même pas le savoir. C’est pas le show qu’on veut.
Si Ousama Bin Ladin est coupable, il faudrait l’amener devant le peuple américain et laisser au bon peuple le soin de le punir en le torturant sur la place publique. Lui et tous ceux qui sont coupables.
Comme dans le temps des Romains.
Et téléviser leurs journées de torture à l’échelle mondiale bien sûr. C’est ce que tout le monde a envie de faire de toute façon. Car les coupables n’ont pas que semé le mépris, ils ont engendré une peur et un doute qui marquent et dont plusieurs en subiront les conséquences pour des années à venir. Dans ce contexte, appliquer la politique des Romains ne serait qu’une douce vengeance.
Mais ça n’arrivera jamais. On a évolué depuis l’époque des Romains on fera autre chose qui fera encore plus mal.
Les images qu’on regarde, dans les siècles à venir, seront présentées dans les livres d’histoire.
C’est puissant la télé, très puissant.
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