Home Le billet de Michèle L’esclave de Key Biscayne

L’esclave de Key Biscayne

0









L’esclave de Key Biscayne
Le jour où Alejandra Ramos a reçu une offre pour aller travailler comme bonne d’enfants pour un couple de Key Biscayne à Miami, elle était aux anges et voyait là, une excellente opportunité de se sortir de sa petite vie misérable dans une petite ville du Pérou.

Diabétique et n’ayant pas les moyens financiers de se faire soigner, l’offre du couple Patricia Perales et son mari, Javier Hoyle, arrivait à point. On lui promettait mer et monde. Non seulement allait-elle toucher 7$ l’heure, elle avait une couverture médicale complète la protégeant de toutes les intempéries. Alejandra n’a pas hésité une minute. Le monde s’ouvrait à elle. C’était le début d’une nouvelle vie. Elle signe un contrat et se croit partie pour la gloire.

Or, dès son arrivée en sol américain, les patrons ont changé d’attitude. Ce n’était plus d’une bonne d’enfants dont ils avaient besoin, mais d’une bonne capable de tout faire: cuisiner, laver, repasser, nettoyer et ça, 7/24. Elle vivait dans le très luxueux condo, mais elle était logée dans une minuscule chambre meublée d’un lit et d’un bureau. Rien de luxueux, encore moins la télévision, l’ordinateur et la radio. Alejandra avait l’impression de vivre au Moyen-Age.

Comme elle était entrée en touriste aux Etats-Unis et n’avait aucun permis de travail, on lui a retiré son passeport. Péruvienne n’ayant jamais quitté son village, Alejandra ne comprenait pas la langue et ignorait tout du monde de vie des Américains et de ses patrons.

Au fur et à mesure que les mois ont passé, le rêve est devenu un véritable cauchemar. Les promesses n’ont jamais été tenues et même très souffrante, elle n’a jamais consulté un médecin. Pis encore, elle pouvait à peine mettre le nez dehors. Avec son salaire de crève-faim à 500$ par mois, Alejandra devait également se contenter des restants de table de ses patrons et subir tous les sévices. Constamment critiquée et menacée, elle s’occupait de tout dans la maison, même des invités le samedi soir alors qu’elle devait préparer tous les petits canapés et les servir aux invités habillée en uniforme.

En 2005 après plusieurs mois, Alejandra en a eu assez de mendier son salaire tous les mois et d’être traitée comme une esclave. Elle a quitté la maison les mains vides. Uniquement avec les vêtements qu’elle portait ce matin-là. Elle souffrait alors d’une infection rénale et pouvait à peine tenir sur ses deux jambes tellement les douleurs au dos étaient aïgues. C’est à la clinique d’urgence de l’hôpital qu’elle a pu raconter son histoire. Par la suite, tout s’est enchaîné.

Elle a évidemment porté plainte. La cause a été entendue la semaine dernière. Un jury du tribunal fédéral de Miami a jugé le couple de Key Biscayne coupable de diverses accusations civiles et accordé à Alejandra Ramos et María Onela Maco Castro, la bonne qui l’a remplacée, la somme de 125 000$ en dommages et intérêtes et en guise de compensation.

S’accaparer des passeports des employés et domestiques dans les riches manoirs et condos de Key Biscayne est une pratique très courante. On leur offre une belle job de chauffeur, majordome, cuisinier, bonne d’enfant, et ils finissent par devenir les esclaves n’ayant pas un mot à dire.

Tout ça est monnaie courante, mais c’est la première fois qu’une domestique remporte sa cause. Ca n’a pas été facile. Au milieu de la procédure, le couple a déposé une demande reconventionnelle contre Ramos, l’accusant d’avoir abusé sexuellement de leur fils de 5 ans. Le juge a été très clair. Alejandra Ramos a été abusée durant plus de 5 ans et les patrons doivent payer.Le montant octroyé comprend une indemnité pour les dommages causés par le contre-poursuite. El Nuevo Herald a tenté en vain de communiquer avec le procureur du Hoyles dans l’affaire.

Le Hoyles refusent de payer.

Il y a des centaines d’Alejandra Ramos en Floride. Il est grandement temps que les travailleurs sociaux s’attribuent davantage de pouvoirs.

Bien sûr, la cause fera jurisprudence.

Showbiz
Impensable de commencer la journée sans lire SHOWBIZ.

Des petites nouvelles juteuses sur le merveilleux monde des artistes et de la télévision. Ne ratez pas ça, c’est pour vous qu’on fait ça tous les jours.

Vos commentaires
Votre horoscope




Previous article Le 14 juillet avec Normand Meilleur
Next article Les Casinos
Journaliste depuis près de 50 ans, Michèle Sénécal a fait ses classes avec des grands du monde de l’édition de l’époque comme Yves Michaud, Jean-Charles Harvey, Edward Rémy, André Robert. Travaillante acharnée, elle a touché à tout dans le métier. Des affaires sociales au milieu du show-business, elle a toujours roulé sa bosse. Durant son parcours, elle a dirigé des publications chez Québecor, collaboré au Journal de Montréal et compte à son actif, quelque 250 histoires d’amour pour les magazines Québecor de l’époque. En semi retraite, elle rédige la chronique Showbiz dans Planète Québec depuis les débuts du magazine et, avec Yvonne Courage, elle a fondé Destination Soleil, un cyber magazine sur la Floride en novembre1999.