Les Tamalou arrivent
Dès qu’ils ont mis le pied dans leur maison mobile et qu’ils ont entendu leur voisin se taper sur la bedaine en se répétant à l’infini « On es-tu ben, maudit qu’on est ben », nos bons Québécois et Canadiens s’empressent d’aller les saluer et de s’enquérir sur leur bulletin de santé. Car la maladie est un sujet très populaire autant dans les parcs de maisons mobiles que sur les plages. L’éternelle question « T’as mal où toé? » suit invariablement le « On es-tu ben
» En fait, les Tamalou sont les voisins des Tubin.
Ce qui nous a toujours fait sourire car, quand les Tubin arrivent, les Tamalou suivent de près. L’un ne va pas sans l’autre. Et durant des mois, c’est à celui qui aura la plus belle et la plus grosse maladie, le meilleur docteur et le plus imposant hôpital. Plus ils sont malades et doivent s’empiffrer de pilules, mieux ils sont et, candidement, ils affirmeront dur comme fer qu’on est mal soignés au Québec et que ça n’a pas d’allure comme les médicaments coûtent cher
J’ignore d’où vient ce besoin morbide qu’ont les Canadiens de raconter en long et en large leurs maudites maladies, mais ils emmerdent tout le monde avec leurs rhumatismes, leur prostate, leur cholestérol, leur diabète, leur diète, leurs maux de tête, leur prochain ou ancien cancer, leurs allergies, leur ménopause, leur arthrose, leurs sinusites, leurs cataractes, leurs crises cardiaques. Ça finit jamais simonac!
Comme si nos propres problèmes n’étaient pas suffisants, il faut se farcir ceux des autres. Il y a des gens qui ne peuvent s’empêcher de raconter leurs maladies et veulent toujours tout savoir sur les vôtres. Comme si le fait d’être suivis par un médecin prouvait leur existence et leur importance. Dès qu’ils arrivent à l’automne, ils se font un devoir et un honneur de nous débiter leur dernière maladie dans les moindres détails et surtout, ne vous avisez pas d’être distrait. Ils vous reprocheront votre indifférence durant des années.
Les Malou comme les Tuben respirent la joie de vivre, mais les Malou sont quand même un peu plus chiâleux que les Tuben. C’est évident que le coût de la vie augmente d’année en année, mais ils se croient obligés de le dire chaque fois qu’ils reviennent de l’épicerie. Ça fait partie de leur quotidien. Ça leur prend une dose quotidienne de « chialage » pour être heureux.
Et, ils sont très heureux. Qui ne le serait pas, la tête dans les nuages et les pieds dans le sable six mois par année?
Les chanceux!