On tue le tourisme
À trop vouloir se montrer gourmand, tenter d’avaler tout ce qui passe en ne prenant même pas le temps de digérer, la Floride risque de devenir anémique et perdre tout son potentiel touristique. Avec un compte de taxes qui a quintuplé ces cinq dernières années, pour les snowirds, Canadiens ou Nord-Américains et des taux d’intérêts tellement faibles que le revenu annuel ne cesse de baisser, le vacancier est pris à la gorge, étouffé et pratiquement incapable de se sortir la tête de l’eau. Non protégé par les lois conventionelles des résidents, le snowbird contribue largement au fardeau fiscal des municipalités sans pouvoir profiter des avantages financiers. Le vacancier paie pour tout. Pompiers, policiers, parcs, plages, entretien des routes, inspecteurs de loi, écoles, bibliothèques, etc. etc.
Trop, c’est comme pas assez. Selon une analyse effectuée par le Sun Sentinel cette année les snowbirds laisseront 227 M$ dans les coffres du gouvernement de la Floride, comparé à 97 M$ en 2001. Le compte de la taxe municipale pour un vacancier moyen possédant une petite maison passe de 2 300$ à 5 200$.
Méchante différence !
Toujours selon la même étude, les Canadiens, pour la présente saison, laisseront 30.5 M$ dans les coffres de l’état comparativement à 15.4 M$ en 2001, alors que les vacanciers Nord-Américains comme les New-Yorkais, laisseront 47.3 M$ comparativement à 20.9 M$ en 2001. C’est énorme. L’office du Tourisme de la Floride estime la population touristique à 416 000 vacanciers venus du nord chaque hiver. Ces vacanciers et leurs amis qui les visitent rapportent un total de plus d’un milliard de dollars à l’état.
On devrait se mettre à genoux et les remercier. Mais au lieu de ça, on augmente les taxes et on serre la corde jusqu’à ce qu’ils deviennent bleus et s’étouffent. Au rythme où le coût de la vie augmente en Floride, l’industrie touristique sera au point mort dans moins de cinq ans. Personne n’a le goût de jeter son argent par les fenêtres, même si les fenêtres donnent sur la mer et nous offrent des rayons de soleil. On tue la poule aux ufs d’or.
Les plaintes fusent de partout. À Deerfield Beach, un Montréalais, fait signer une pétition pour faire baisser les taxes jugeant le dernier compte inacceptable. Chose curieuse, ce sont les Canadiens qui investissent le plus dans l’immobilier en Floride. Certains attribuent toutes ces hausses au boom immobilier des dernières années, mais le boom est terminé et déjà, le ralentissement se fait sentir. La Floride a vu ses coffres se gonfler d’orgueil et de milliards, mais rien à faire. On reste encore gourmands et on tape sur les vacanciers.
Et, on tapera jusqu’à ce qu’ils en crèvent. Si le coût de la vie augmente à une vitesse folle, les revenus stagnent.
Pour appuyer son étude, le Sun Sentinel raconte le cas de Max Polster, un professeur retraité de Montréal qui, depuis quelques années, possède un petit condo à Deerfield Beach. Toute sa vie, il a travaillé et a économisé pour se payer son petit condo et se tailler une place au soleil pendant quelques mois. Avec la forte hausse des taxes, les assurances et les frais de maintenance, il se voit dans l’obligation de vendre. Il ne peut supporter davantage le poids des augmentations. Adieu le rêve de la retraite dorée et bienvenue dans le monde de la « sloche ».
Si les maires de certaines municipalités sympathisent avec les sowbirds et réalisent que sans leur apport, leur ville serait endettée jusqu’au cou, d’autres comme Jim Naugle de Fort Lauderdale et Oliver Parker de Lauderdale-by-the-Sea se moquent éperdument de leurs plaintes et les traitent d’enfants gâtés. Tous les deux se disent concernés par le problème des vacanciers mais ils préfèrent concentrer leurs efforts sur les résidents, ceux qui votent pour leur donner un job, plutôt que de voir plus loin que le bout de leur nez.
La Canadian Snowbird Association doit rencontrer le gouverneur de la Floride Jeb Bush pour négocier une entente, mais il y a peu d’espoir. Même si le gouverneur se montre très ouvert à la discussion et affirme que le problème est sérieux, on garde très peu d’espoir pour les mois à venir et, l’an prochain, Bush aura terminé ses deux mandats.
La Floride est à perdre l’une des industries les plus florissantes de son territoire, le tourisme. Elle perdra du même coup, sa deuxième source de revenus. L’agriculture étant la source de revenus numéro un avec des revenus totalisant des milliards de dollars.
Qui trop embrasse mal étreint dit le proverbe. On a beau adorer la Floride et vouloir y passer quelques mois par année, on ne peut tout de même risquer sa chemise et sa vie pour la voir. Le jour où le gérant de banque nous informe que le compte baisse dangeureusement, on reste sagement à la maison et on rêve de mer et de soleil, de dolce vita. Les rêves n’étant toujours pas taxés, on ne risque pas de finir le derrière sur la paille.
Miami Beach P.Q.
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