La trappe à rats
Même si le gros boom dans l’immobilier semble chose du passé selon toutes les sociétés immobilières de la Floride et que le prix des maisons est révisé ou stabilisé, si vous ne gagnez pas 100 000$ par année, oubliez vite l’idée de vous acheter une maison.
Posséder sa propre maison, c’est le rêve de tout le monde d’autant plus que, depuis quelques années, avoir de l’argent en banque ne rapporte absolument rien tellement les taux d’intérêts sont ridiculement bas. Pour pallier à cet inconvénient, les gens spéculent sur des maisons ou encore refusent de payer des loyers exorbitants en s’installant dans sa propre maison. Mais si le rêve est beau, il n’est pas forcément réalisable et demande un exercice de calculs très minutieux.
Même avec une mise de fonds de 25 000$, c’est mission impossible selon les économistes et les agents immobiliers. Le prix du loyer devient alors beaucoup trop élevé et, trois ans plus tard, la maison retourne inévitablement à la banque. Le prix des maisons est encore trop élevé pour un jeune ménage avec un ou deux enfants. En janvier 2006, le prix moyen d’une maison dans Miami-Dade était fixé à 376,300$ et dans Broward à 370 500$, soit en hausse de 19% comparativement à janvier 2005 pour la même maison. En 2005, on pouvait encore se payer une maison dans Miami-Dade à 259 000$ et à 211 500$ dans Broward et le taux d’intérêt grimpe à 7%. À moins de 100 000$ de salaire, penser à s’installer chez soi en 2006, c’est impensable et c’est la faillite qui nous attend au coin de la rue.
Et on ne parle pas d’un château, on parle d’une belle petite maison comme on en voit partout. Toute simple, sans fla-flas. Celle-ci se trouve dans Broward et on demande 325 000$. Elle est propre et jolie, mais mauditement chère. Lachambre d’immeuble de la Floride a publié les chiffres pour le Palm Beach County dernièrement.
Et, quand on dit faillite, on pense inévitablement à divorce, famille éclatée, division des biens, garde partagée des enfants et retour à la case départ. Une situation que personne ne veut vivre. Trop dur, trop stressant, trop vide de sens, trop coûteux moralement et financièrement, complètement inhumain.
Depuis quelques années, la vie semble faite pour les riches seulement. Les gens de la classe moyenne gagnant quelque 50 000$ par année n’ont pas voix au chapitre. Ils se sentent comdamnés à vivre en appartement toute leur vie, à élever les enfants où ça coûte le moins cher de loyer. Le rêve de la petite maison de banlieue, avec l’auto, une famille et un chien, comme dans les années 60, s’est envolé en fumée. Exactement comme les émissions de télé si populaires à l’époque comme Father Knows Best. Papa n’a plus raison, le rêve est inaccessible, la famille est éclatée et tous les vieux sont en institution.
La vie est faite pour les riches, mais il faudrait sans doute qu’on trouve une porte de sortie pour les pauvres qui gagnent entre 25 000$ et 60 000$ par année. Il n’y a aucune issue pour la classe moyenne de la société. C’est une trappe à rats.