Une condomaniatite aigue
La Floride souffre d’une maladie chronique incurable: la condomaniatite aigue.
Cette maladie consiste à acheter un condo sur les plans, sans trop comprendre ce qu’on achète. Les spécialistes parlent d’une épidémie qui peut prendre des proportions gigantesques. Le seul remède pour stopper l’évolution de la maladie sera de grimper les taux d’intérêts.
Partout, Miami, Orlando, Fort Lauderdale, Pompano Beach, St. Petersbutgh, Tampa, Sarasota, Naples ou même Jacksonville et Pensacola, la maladie est la même. On ne construit pas assez vite. Les tours poussent comme les champignons.
Le marché est irrationnel et compulsif. À peine l’affiche posée que le condo est vendu, et on achète un autre condo, plus cher. Plus beau. Plus grand, dans l’espoir de le revendre encore plus cher dans six mois. On achète pour revendre et faire un peu d’argent. C’est la frénésie, la condomaniatique aigüe.
82 000 unités de condos sont en construction dans la région de Miami et 80% des condos sont déjà vendus. À gros prix. Plusieurs valent un million de dollars.
Ça marche, tant que le marché tient, et tant que les taux d’intérêt ne grimpent pas. Ça marche tant que les spéculateurs ont assez d’argent pour payer l’hypothèque. En cas de pépin, de maladie, de perte d’emploi, c’est la crise. Impitoyable. Sans pardon. Souvent, la capacité d’acheter ne tient qu’à un fil. Trop nombreux sont ceux qui n’ont pas, ou presque pas d’argent et qui croient empocher le pactole en revendant immédiatement. Ils achètent pour revendre à meilleur prix le lendemain.
Selon le Sun Sentinel, le phénomène s’achève: 2006 sera l’année de la stabilisation. Acheter sur papier est une mode qui s’achève. On spéculera moins et on habitera ce qu’on achète. Sans doute parce que les taux d’intérêts grimpent.