Quand on leur parle de notre système d’assurance maladie, celui de notre assurance médicaments ou encore de notre aide juridique, qu’on leur dit que la marijuana est légale à des fins thérapeutiques, les Américains de la Floride ouvrent grands les yeux et veulent nous manger tout rond tellement ils nous envient.
Quand on leur parle de notre système social et de tous nos bénéfices marginaux, de nos syndicats, nos semaines de 40 heures, nos congés de maladie, nos lois sur le mariage, nos conditions de travail, notre CSST, nos congés parentaux, notre supplément de revenu et tous nos petits avantages, ils veulent nous tuer.
Et si on leur raconte comment fonctionne notre système québécois pour les assistés sociaux, ils sont prêts à vendre leur mère pour avoir le même.
Bien sûr, qu’ils vont nous dire qu’on paie beaucoup trop d’impôts, que notre argent ne vaut plus rien, qu’il fait froid, qu’il y a beaucoup de neige, que nos autos rouillent facilement, mais au fond, on sent qu’ils nous envient. Ils nous regardent et écoutent. Tellement étonnés qu’ils en restent bouche bée.
Puis, ils allument. Nous disent que le socialisme tue l’ambition normale d’un être humain et l’empêche de se réaliser pleinement. Disent même qu’on impose des lois sur la langue et l’affichage unilingue français dans l’unique but de mieux régner sur un peuple qui a peur de l’avenir. Ils nous imaginent comme des enfants qui obéissent aveuglément sans rien dire.
C’est frustrant d’entendre ça. Ils nous comparent même au Petit Chaperon Rouge qui se laisse manger par le gros méchant loup déguisé en grand-mère.
Encore plus frustrant! Comme si on était assez bêtes pour ne pas faire la différence entre un méchant loup et une grand-mère…
Mais, ils seraient d’accord pour payer plus d’impôts à condition d’avoir des privilèges semblables aux nôtres. C’est évident qu’ils nous envient et nous pensent au paradis. Faut pas discuter trop longtemps, ils sont prêts à nous manger tout rond.
Même qu’ils pensent que les Québécois sont tous de richissimes industriels qui peuvent se permettre de passer six mois par année en Floride. Ils ne comprennent pas et nous imaginent au-dessus de nos affaires.
Ils ne comprennent pas dans leur petit pays, ils sont plus de 15 millions d’habitants alors que dans notre grand pays, on n’est que 7 millions. Dans leur pays, il n’y a pas de chicanes entre les gouvernements, pas de problèmes de langue ou de lois d’affichage. Dans leur pays chaque état est égal et l’état tient plutôt les cordons de la bourse serrés. Les assistés sociaux doivent compter sur des timbres pour vivre…pas un chèque mensuel dans leur boîte aux lettres.
Leur système n’a rien à voir avec le nôtre, alors pourquoi nous comparer à l’insignifiant chaperon rouge et tenter de nous faire passer pour des imbéciles?
Malgré tout, je ne peux pas faire autrement que de penser à l’histoire du Chaperon Rouge, et je suis confuse. C’est pour mieux te manger mon enfant disait la vieille maudite d’un ton apeurant. Le gouvernement ne tente tout de même pas de nous égorger et je nous vois mal jouer à chaperon rouge.
Si la comparaison semble boiteuse, elle fait quand même réfléchir…
Personnellement, j’ai réfléchi longtemps.