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Ces parents qui aiment trop

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Quand je l’ai vu la première fois à la télévision, mon cœur de mère a fait trois tours. Mettre un enfant au monde et le rendre à 16 ans, c’est pas rien dans la vie. Je plaignais les parents à devoir vivre une telle situation.

Lui donner une éducation, en faire un beau gars intelligent et bien élevé, c’est quelque chose. John Walker le taliban américain était tout ça. Il était promu à un avenir confortable.
Et du jour au lendemain, il a tout envoyé promener. Fini l’époque de la belle éducation, des amis straights, du beau quartier de San Francisco, de l’opulence. Adios California, Islam Here I Come!

Quand il est arrivé à Washington, prisonnier, la tête rasée, l’oeil fixe, j’ai pensé qu’il n’était plus le même gars qu’on avait connu en décembre alors qu’il jouait au dur en Anghanistan. J’ai aussi pensé qu’il avait des parents qui aiment trop.

Marilyn et Frank, brisés, parlent de leur fils comme d’un garçon tranquille, victime d’un lavage de cerveau. Mais pour l’Attorney General John Ashcroft, Walker a toujours eu le choix et à chaque fois, il a choisi de s’allier avec les terroristes. Il a choisi les terroristes contre son propre peuple.

Pourquoi ce trip? On ne le saura jamais. Une folie de jeunesse, un trip d’imbécile, un joint mal roulé, un moment d’égarement, une soirée trop arrosée, des parents trop permissifs, ou quoi encore? On l’ignore. Ce qu’on sait c’est qu’il finira ses jours en prison et qu’il ne semble pas du tout repentant.

L’acte d’accusation précise que Walker a suivi une formation de sept semaines dans un camp d’Al-Qaïda en Afghanistan à partir de juin 2001. Il y apprend que des hommes ont été envoyés aux Etats-Unis pour y mener des opérations suicide, y rencontre ben Laden, qui le félicite d’avoir choisi le Jihad. Jamais le peuple américain ne sera tendre envers le traître.

Jusqu’à 16 ans, John est pourtant à l’image de tous les jeunes américains: timide et bon élève, élevé depuis l’âge de dix ans près de San Francisco par des parents catholiques. Sa mère, convertie au bouddhisme s’occupe de la maison, son père est avocat, il a un frère et une sœur.

Une famille heureuse et sans histoire. Une famille permissive, trop occupée à régler ses problèmes matrimoniaux pour voir ceux de ses enfants.

L’épanouissement personnel est le leitmotiv des parents, qui bien que réticents, acceptent sa conversion à l’islam après sa lecture de l’autobiographie de Malcolm X. Il a 16 ans, change son nom en Suleyman Al-Lindh, fréquente assidûment la mosquée locale et décide de partir étudier dans une école coranique au Yemen.

Ses parents financent son projet. Il y reste deux ans, revient leur rendre visite en 1999 pour quelques mois, alors que le couple s’est séparé, repart au Yémen, puis au Pakistan. Il apprend l’arabe, étudie le Coran avec passion, s’identifie comme Suleyman Al-Faris. En mai dernier, son père lui envoie encore 1200$. Il passe en Afghanistan, et ayant à choisir entre les talibans et un groupe terroriste opérant au Cachemire, choisit les premiers.

En novembre, devenu Abdoul Hamid, il sera capturé à Kunduz, armé d’un Kalachnikov AKM.

A la lumière des événements, on peut encore se demander si Walker a toute sa tête ou s’il n’est pas sous l’effet des drogues.

Je n’ai pas le pardon facile. Si l’un de mes enfants était un terroriste ou un taliban, je ne lui pardonnerais pas. Je me demande comment les Walker peuvent braver les caméras de télé. J’admire leur sang froid, leur résignation, mais leurs bonnes paroles n’arrivent plus à nous émouvoir. Où étaient-ils ces quatre dernières années? N’ont-ils pas senti que leur fils adoré leur échappait et glissait sérieusement de l’autre côté du mur? A part financer continuellement ses idées, l’ont-ils aidé? L’ont-ils seulement aimé?

Si les parents pardonnent, le peuple américain ne pardonnera jamais l’erreur de ses 16 ans et les milliers de morts du 11 septembre. Après avoir financé les grands projets de leur fils, Frank et Marilyn doivent regretter et se sentir coupables…Arriveront-ils à réellement pardonner et non à jouer un jeu devant la caméra?

Mais comment pardonner à un enfant à qui on a tout donné (souvent trop) mais qui nous a tourné le dos sans le moindre regret? Comment passer l’éponge? Comment vivre avec la culpabilité?

Des parents qui aiment trop et qui ne voulaient surtout pas voir la vérité. Trop dure, trop triste, trop raide. Ils n’ont pas vu fiston s’enliser.

Je ne les plains plus du tout, ils sont un peu responsables. Pour alléger leur conscience, ils continueront de payer…

Email Michèle Sénécal
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