Home Le billet de Michèle Cas vécu – Dans une prison de Miami…

Cas vécu – Dans une prison de Miami…

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Histoire vécue : Lucie
– 34 ans
– Infirmière
– Casier judiciaire vierge avant les événements
– Arrêtée pour trafic de cocaïne
– Incarcérée 60 jours dans une prison de Miami

Une vague connaissance nous a proposé, à mon amie et à moi, de faire un voyage gratuit en Colombie et de gagner 2 000 $ chacune si nous rapportions un peu de cocaïne. Nous pensions que ça ne serait pas bien compliqué et nous avons accepté. Je ne voulais pas en parler à mon ami ou à ma famille et nous avons décidé de garder le secret. Nous avons pris un vol pour Cartagena et, le dernier jour des vacances, nous avons rencontré notre contact. Il a fallu avaler chacune un kilo de cocaïne, divisé en paquets de la taille de mon pouce. Je dois reconnaître que nous étions très inquiètes.

Nous avons fait escale à Miami et, dès notre arrivée, les agents d’immigration nous ont mises en détention et interrogées. Je ne sais toujours pas ce qui leur a mis la puce à l’oreille. Nous n’avons pas été autorisées à contacter qui que ce soit, et on nous a emmenées à l’hôpital où on nous a forcées à prendre un laxatif et à subir une analyse de sang, pour voir si nous avions absorbé des stupéfiants ou si nous étions enceintes. Comme mon amie était enceinte, elle n’a pas été radiographiée. Deux jours plus tard, nous avons évacué la drogue.

La première fois que j’ai comparu devant le tribunal, le juge a décidé que je serais détenue sans caution jusqu’à l’audience. J’ai pu téléphoner à ma mère. Elle n’arrivait pas à croire ce qui était arrivé et ce que j’avais fait. Il a fallu qu’elle téléphone à mon patron pour lui raconter ce qui s’était passé et l’informer que je ne pourrais pas me présenter à mon travail.

La vie en prison a été un enfer. Nous étions environ 25 détenues dans une grande cellule divisée en quatre et nous dormions en groupes de cinq ou six. Nous devions partager une seule cuvette de WC et une douche. La nourriture était exécrable et les personnes que je côtoyais encore pires. On a désigné un avocat pour s’occuper de mon cas, mais je n’avais aucune confiance en lui. J’étais vraiment déprimée.

La semaine avant ma libération, j’ai eu des migraines et des maux d’oreille épouvantables et je ne pouvais pas dormir. On a attendu cinq jours pour me soigner. J’ai souffert le martyre. Finalement, la date de ma sortie de prison est arrivée. On m’a déposée au centre-ville de Miami, sans mes papiers d’identité ni mes bagages. Je suis allée directement au consulat du Canada puis je suis rentrée à Montréal.

Cette aventure a coûté presque 3 000 $ à ma famille en frais d’interurbain et de transport. Mais il n’y a pas que l’argent, ce que j’ai fait les a beaucoup peinés. Mon ami a décidé de rester avec moi. Il avait du mal à croire que j’aie pu prendre des risques aussi insensés pour un petit peu d’argent et une semaine au soleil. J’ai aussi repris mon travail; j’ai eu de la chance.

Je ne fréquente plus cette amie. Je veux tourner la page. Je sais que j’ai agi bêtement et j’ai honte de ce que j’ai fait. J’espère seulement que d’autres ne seront pas aussi naïfs que moi.
Source: Gouvernement du Canada