Le président américain Donald Trump a pris ce jeudi sa revanche au Congrès, avec l’adoption de justesse par la Chambre des représentants, à majorité républicaine, d’un texte d’abrogation de la loi emblématique de Barack Obama sur la santé.
Il efface ainsi son échec du 24 mars quand, faute de consensus au sein de la majorité et malgré un forcing intense, les républicains avaient été forcés de retirer une première version du texte quelques heures seulement avant le vote.
« Cette loi est la concrétisation de la promesse que nous avons faite aux Américains », a déclaré le président de la Chambre, Paul Ryan, en qualifiant Obamacare, adoptée en 2010, d’« expérience ratée ».
« Nombre d’entre nous attendions ce jour depuis sept ans », a-t-il dit, en adressant des remerciements appuyés au président Donald Trump pour son implication. Celui-ci a d’ailleurs annoncé sur Twitter une « grande conférence de presse » à la Maison Blanche en cas de victoire.
IVAN COURONNE
Agence France-Presse
Washington
Le président américain Donald Trump a engrangé un succès jeudi au Congrès, avec l’adoption de justesse par la Chambre des représentants d’un texte de remplacement de la loi emblématique de Barack Obama sur la santé.
Il efface ainsi son échec du 24 mars quand, faute de consensus au sein de la majorité et malgré de fortes pressions de sa part, les républicains avaient été forcés de retirer une première version de la loi.
«Ce sera une victoire incroyable lorsque cela passera au Sénat», s’est félicité Donald Trump dans la roseraie de la Maison-Blanche, où les élus républicains l’avaient rejoint juste après le vote pour saluer cette étape «historique».
«Ça a vraiment permis de rassembler tout le parti républicain», a dit le président, à qui les élus rayonnants ont rendu un hommage appuyé.
«Les quatre prochaines années seront formidables, et les huit prochaines aussi, mais nous allons commencer par une grande première année», a-t-il ajouté, satisfait d’avoir commencé à remplir l’une de ses principales promesses de campagne.
À ses côtés, le président de la Chambre, le quadragénaire Paul Ryan, a expliqué qu’il avait connu quatre présidents différents, mais qu’il n’en avait jamais vu aucun d’aussi impliqué.
«C’est un grand jour, mais seulement une étape du processus», a prévenu Paul Ryan.
Le vote final, très serré, illustre l’aspect controversé du texte actuel : 217 voix contre 213. Les 193 démocrates ont voté non, et 20 républicains ont fait défection. L’annonce des résultats a été saluée par une ovation républicaine dans l’hémicycle.
Le débat se déplace désormais à la chambre haute du Congrès, le Sénat, où la loi est considérée comme inacceptable en l’état y compris par plusieurs sénateurs républicains.
La loi «doit être examinée avec prudence», a souligné le sénateur Lindsey Graham. Son collègue Bob Corker a prédit au moins un mois de débat, et une révision complète.
«On va l’achever»
Sur le fond, la loi reviendrait sur plusieurs acquis d’Obamacare, adoptée en 2010 : les Américains ne seraient plus obligés de souscrire une assurance maladie et n’auraient plus à payer d’amende en cas de non-couverture; les financements publics de Medicaid, le programme fédéral d’assurance pour les plus modestes, seraient progressivement réduits; et la couverture minimum instaurée par Obamacare serait allégée, à la discrétion des gouverneurs des 50 États fédérés, au risque de faire payer plus aux personnes ayant des antécédents médicaux, ou ne plus couvrir certains soins comme les soins maternité ou les hospitalisations.
«Si nous adoptons cette loi, des gens vont mourir», a prévenu l’élu démocrate John Conyers.
Cette loi «ne vise qu’à transférer d’énormes sommes des travailleurs vers les Américains les plus riches», a dénoncé le sénateur Bernie Sanders, soulignant les suppressions d’impôts contenues dans la réforme.
Un rapport initial du bureau du budget du Congrès avait estimé que la réforme républicaine conduirait 14 millions d’Américains à ne plus être assurés dès 2018, effaçant la majeure partie des gains réalisés sous Obamacare.
On attend un nouveau chiffrage du texte républicain, surnommé «Trumpcare» par l’opposition.
Si la réforme pourrait permettre aux assureurs de proposer des assurances «light» et donc moins chères, elle devrait renchérir les tarifs pour de nombreux Américains, surtout ceux proches de la retraite, car les aides fédérales baisseraient dans l’ensemble. Les États, faute de fonds, devraient aussi rejeter certains assurés modestes de Medicaid.
Aux États-Unis environ la moitié des personnes sont assurées par leur employeur; elles ne seraient pas directement concernées par la réforme républicaine.
La cible est le marché «individuel», des millions de travailleurs qui doivent acheter une assurance seuls, sans appartenir à un groupe, et qui grâce à Obamacare bénéficient d’aides importantes.
Les républicains affirment que le marché individuel créé par Obamacare est dans une spirale infernale. De plus en plus d’assureurs se retirent de ce marché peu lucratif, où les prix augmentent inexorablement.
C’est l’argument de Donald Trump: de toute façon, Obamacare s’écroulera sous son propre poids.
«C’est clair que c’est un échec, c’est mort», a-t-il dit à la Maison-Blanche. «On va l’achever».
Ces événements ont fait passer au second plan un accomplissement concret: le Congrès a financé jeudi l’État fédéral jusqu’au 30 septembre, fruit de négociations réussies entre républicains et démocrates.