Donald Trump a une nouvelle fois défendu vendredi son projet de mur à la « dangereuse » frontière sud des États-Unis, avertissant qu’il était prêt à ce que la paralysie partielle de l’administration fédérale dure plusieurs mois, voire plus d’un an.
La construction d’un mur à la frontière avec le Mexique est une question de « sécurité nationale », a-t-il martelé. « Ce n’est pas un jeu », a-t-il ajouté, évoquant même la possibilité d’avoir recours à une procédure d’urgence lui permettant de contourner le Congrès.
Si le président américain a évoqué des discussions « très très productives » avec ses adversaires politiques, les responsables démocrates venus à sa rencontre à la Maison-Blanche ont donné un compte-rendu de l’entrevue nettement moins optimiste.
Chuck Schumer, leader des démocrates au Sénat et Nancy Pelosi, nouvelle « Speaker » de la Chambre des représentants, ont parlé de discussions « tendues », appelant une nouvelle fois le président à ne pas retenir des centaines de milliers d’Américains en otage.
Selon M. Schumer, M. Trump a même indiqué qu’il était prêt à ce que le « shutdown » dure « pendant très longtemps, des mois, voire des années ». « Oui, j’ai dit cela », a confirmé le locataire de la Maison-Blanche peu après. « Je ne pense pas que cela sera le cas, mais je suis prêt », a-t-il ajouté, affirmant par ailleurs qu’un compromis pourrait être trouvé « très rapidement ».
De nouvelles discussions sont prévues dans les jours à venir. « J’ai nommé un groupe, nous allons nous voir ce week-end », a déclaré M. Trump, précisant que le vice-président Mike Pence mènerait les discussions.
Au cours d’une allocution assez décousue dans les jardins de la Maison-Blanche, M. Trump a par ailleurs affirmé que certains de ses prédécesseurs lui avaient affirmé qu’ils auraient dû construire un mur à la frontière. Ni Barack Obama, ni George W. Bush, ni Bill Clinton, ni Jimmy Carter n’ont jamais exprimé publiquement leur soutien à cette idée.
« Immoral »
Les négociations sur le « shutdown » -rituel de la politique américaine-sont d’abord une bataille de communication dans laquelle chaque parti tente de faire porter la responsabilité du blocage à l’autre. Or si les républicains ont conservé la majorité au Sénat, les démocrates ont désormais un porte-voix nettement plus puissant avec la présidence de la Chambre des représentants.
« Construire un mur (à la frontière avec le Mexique) est immoral, ce n’est pas ce que nous sommes en tant que pays », a lancé jeudi soir la démocrate Nancy Pelosi, quelques heures après sa prise de fonction comme « speaker » de la Chambre.
Les démocrates lâcheront-ils du lest ? Donald Trump peut-il renoncer aux 5 milliards de dollars qu’il réclame à cor et à cri pour édifier son mur sans perdre la face ? Quelles sont les portes de sortie pour mettre fin au « shutdown » qui paralyse 25 % des administrations fédérales depuis le 22 décembre ?
Une idée a refait surface ces derniers jours : réintroduire dans les négociations la question sensible du « Daca ».
Ce programme offrant un permis de séjour temporaire à plusieurs centaines de milliers de jeunes clandestins avait été créé par Barack Obama puis supprimé en septembre par Donald Trump, qui a mis au défi le Congrès de voter une réforme migratoire à la place.
Entre-temps, la justice a été saisie par les défenseurs de Daca… et le programme est dans les limbes. Quant au Congrès, il n’a jamais pu s’entendre jusqu’ici pour trouver un compromis.
Le président américain a laissé entendre que le sujet avait été évoqué tout en restant évasif sur ce thème.
« Impeachment » ?
Républicains et démocrates sont conscients que ce bras de fer budgétaire est aussi un test du rapport de force qui s’établira pour la deuxième partie de mandat de Donald Trump, qui a clairement affiché son intention de se représenter en 2020.
Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les démocrates décrochent en effet la tête de commissions parlementaires dotées de puissants pouvoirs d’investigation, notamment ceux d’assigner les témoins à comparaître et d’ordonner la présentation de documents. Et certains jeunes élus évoquent ouvertement la perspective d’une procédure de destitution, ou « impeachment ».
Lors de son échange avec la presse, M. Trump a déclaré que Nancy Pelosi lui avait affirmé qu’elle ne cherchait pas la destitution.
L’équipe de cette dernière a cependant livré une version différente de l’interaction, expliquant que la nouvelle présidente de la Chambre des représentants avait simplement souligné que la rencontre de vendredi à la Maison-Blanche portait sur la ré-ouverture de l’administration fédérale, pas sur la destitution.
Référence : Journal de Montréal et La Presse