Deux corbillards, à la queue leu-leu, montent l’allée centrale du cimetière de la Côte-des-neiges. Derrière les deux limousines, une femme seule, accompagnée de son chien. Un pit-bull, semble-t-il.
Et, à une dizaine de mètres derrière la femme, toute voilée de noir, un nombre imposant de femmes. Quelques dizaines de femmes. Toutes silencieuses.
Curieuse, je m’avance vers la femme, et lui présente mes sympathies.
– Merci jeune dame. Vous êtes très gentille.
– Puis-je vous demander, madame, pourquoi deux corbillards? Comme vous devez souffrir.
-Merci.
– C’est l’enterrement de qui?
– Dans le premier, c’est mon mari.
– O mon Dieu! Pardonnez-moi, madame. Que lui est-il arrivé.
– C’est Moustache, mon chien, qui l’a égorgé à mort.
– Ayoye. Quelle douleur!
– Et dans le deuxième corbillard?
– C’est Alice, ma belle-mère, qui a tenté de s’interposer.
– Madame… euh, comment dire, me prêteriez-vous Moustache quelques jours?
– Mettez-vous en ligne, derrière les autres.