AFP Vendredi, 28 juillet 2017 17:33 MISE à JOUR Vendredi, 28 juillet 2017 20:15
Le président américain Donald Trump a cherché vendredi à remettre de l’ordre à la Maison Blanche, minée par les échecs et déchirée par les querelles intestines, en remplaçant son secrétaire général Reince Priebus par le général John Kelly, jusqu’ici ministre de la Sécurité intérieure.
«J’ai le plaisir de vous informer que je viens de nommer le général/ministre John Kelly comme secrétaire général de la Maison Blanche», a annoncé Donald Trump sur Twitter.
«Je voudrais remercier Reince Priebus pour son service et son dévouement au pays. Nous avons accompli beaucoup ensemble et je suis fier de lui», a ajouté le président américain dans un autre tweet.
Reince Priebus, 45 ans, est un cacique du parti républicain qui n’a jamais fait partie du cercle rapproché du milliardaire.
«Un président a le droit de remettre les compteurs à zéro (…) et je pense que la Maison Blanche en a besoin», a dit Reince Priebus sur la chaîne CNN pour expliquer ce qu’il a présenté comme une démission en accord avec le président Trump.
M. Priebus était affaibli par la démission la semaine dernière de son allié dans l’équipe présidentielle, le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer.
Son départ intervient au terme d’un extraordinaire déballage des querelles à la Maison Blanche depuis la nomination du nouveau directeur de la Communication Anthony Scaramucci, le 21 juillet.
Le nouveau maître de la communication présidentielle s’en est pris jeudi avec une extrême vulgarité à M. Priebus, qualifié de «putain de schizophrène paranoïaque», dans une conversation avec un journaliste du New Yorker.
Le tout Washington avait du mal à en croire ses yeux en dévorant la retranscription des propos de celui qui devait incarner un nouveau départ pour une communication présidentielle souvent chaotique, parfois à cause des tweets du président Trump lui-même.
M. Scaramucci a aussi attaqué Steve Bannon, conseiller stratégique du président et proche de l’extrême droite américaine, dans un vocabulaire à caractère sexuel extrêmement grossier.
Échec humiliant
Le secrétaire général de la Maison Blanche («Chief of Staff») est un personnage central de la présidence américaine. Il est le collaborateur le plus proche du président et veille au bon fonctionnement de l’administration.
«J’ai eu la chance de servir mon pays pendant plus de 45 ans, d’abord comme Marine, puis comme ministre de la Sécurité intérieur»”, a écrit le nouveau titulaire du poste John Kelly dans un communiqué. «Je suis honoré d’avoir été prié de servir comme secrétaire général du président des États-Unis.»
John Kelly est «une star de mon administration», s’est félicité M. Trump, au sujet de ce militaire de carrière. L’administration Trump compte trois généraux.
M. Kelly, 67 ans, prend les rênes d’une Maison Blanche qui prend l’eau de toute part, obsédée par les «fuites» à la presse et minée par l’affaire des liens avec la Russie.
Surtout, Donald Trump vient d’essuyer un échec humiliant sur la réforme de la santé lors d’un vote au Sénat dans la nuit de jeudi à vendredi. Il aura suffi de trois sénateurs du parti présidentiel pour torpiller des mois d’efforts et sept ans de promesses des républicains de mettre à bas la loi Obamacare.
C’est John McCain, le vieux sénateur, héros de la guerre du Vietnam atteint d’un cancer du cerveau, qui a anéanti vendredi les derniers espoirs des républicains d’abroger et de remplacer rapidement la réforme phare de Barack Obama.
Le président –et les dirigeants du parti– ont été incapables de conclure l’affaire et de réconcilier les positions de l’aile la plus conservatrice et des modérés.
Les premiers voulaient une suppression pure et simple d’Obamacare et les seconds refusaient de lâcher la proie pour l’ombre et craignaient pour leurs administrés dont une vingtaine de millions risquaient de se retrouver sans couverture santé, selon les projections officielles.
Moscou riposte
Pour compliquer davantage la vie de M. Trump, le Sénat a adopté jeudi, à la quasi unanimité, des sanctions contre la Russie pour la punir d’avoir interféré dans l’élection présidentielle américaine.
Le président –qui tente depuis son élection d’améliorer les relations avec la Russie au grand dam de nombre d’élus qui voient en Moscou un adversaire plus qu’un partenaire– peut opposer son veto mais ce serait une solution de courte durée, le Congrès pouvant le contourner.
En général, les présidents s’épargnent cette humiliation en apportant un soutien tardif à la législation.
Le texte a été transmis à Donald Trump dès vendredi par le Sénat.
La Russie, de son côté, a rapidement riposté. Moscou demande à Washington de réduire, à partir du 1er septembre, à 455 son personnel d’ambassade et de consulats en Russie, et suspend l’utilisation par l’ambassade américaine d’une résidence en périphérie de la capitale russe et d’entrepôts.
Vladimir Poutine, le président russe, avait promis une réponse à l’«insolence» des États-Unis.