Clic clic…
Il reste encore beaucoup à faire en Haïti, mais il ne faut pas aujourd’hui s’impatienter pour que se termine la reconstruction. Il faudra prendre le temps de comprendre qu’Haïti bouge à son rythme qu’on ne connaît pas. AP
Par Patrick Robitaille,
Chaque fois que je vais en Haïti, je reviens avec des sentiments bien partagés sur l’aide internationale, ses paradoxes et sa complexité. Pourtant, la majorité des gens que je rencontre ici semblent avoir une opinion bien arrêtée, sans nuance: il ne se passe rien en Haïti, les Haïtiens ne s’aident vraiment pas, il n’y a rien à faire pour aider ce pays… Pour y avoir travaillé d’arrache-pied pendant près d’un an et pour y avoir évalué le travail d’autres humanitaires et partagé mes réflexions avec des collègues haïtiens, il me semble qu’il faut réajuster certains de ces préjugés.
Premièrement: il ne se passe rien en Haïti? Une des raisons qui explique ce sentiment, c’est que beaucoup de ce qui a été fait ne se voit plus aujourd’hui. Les cliniques mobiles de Médecins Sans Frontières ont donné leurs soins, l’eau potable d’Oxfam a été bue, les toiles protectrices données par CARE ont été usées depuis longtemps par la pluie, le soleil et le vent. C’est la nature de l’aide humanitaire d’urgence de n’être que temporaire.
Tous les humanitaires nationaux et internationaux ont travaillé et travaillent encore d’arrache-pied pour construire des milliers d’abris, dits transitoires, qui dureront quelques années. Les abris les mieux construits, comme ceux de la Croix-Rouge canadienne, dureront 15 à 20 ans. Les centaines d’écoles ont été construites pour des milliers d’élèves qui y sont entrés en octobre dernier. Les milliers de latrines ont été creusées, souvent par les Haïtiens qui allaient en bénéficier. Des cliniques ont donné et donnent des soin parfois de meilleure qualité que ce qu’il y avait auparavant. Bref, tous ont aidé autant que possible à répondre au désastre et reconstruire grâce aux fonds qui ont été amassé. Rien ne bouge? Quelle farce! Je peux vous rassurer, beaucoup a été fait et continue d’être fait tous les jours.