On aurait pu couper l’humidité au couteau à l’extérieur et l’émotion de la même façon à l’intérieur de l’église. Une météo de circonstance en ce mardi 4 novembre 2003. Il tombait des cordes pour les funérailles du président de la Natbank.
Les deux prêtres ont accueilli la dépouille à l’entrée, l’organiste a plaqué des accords familiers et Marly Johnson a entamé Let It Be de John Lennon. La famille et les proches ont suivi le corbillard jusqu’à la nef avec des roses à la main.
Raymond était de la génération Beatles, il était normal qu’on interprète une chanson des Beatles pour ensuite enchaîner avec l’Ave Maria chanté par Ginou Oriol et revenir à Marly pour La Vie. Des chansons qu’il affectionnait particulièrement, des musiques qui l’avaient rendu heureux, des souvenirs que Lise voulait nous faire partager.
De très belles funérailles. Ni trop courtes, ni trop longues où de vibrants témoignages ont été rendus autant par la famille du défunt que par les amis. La foule se contenait bien. Parmi elle, le Consul général du Canada à Miami, Anthony Knill, la représentante du Bureau du Québec à Miami, Andrée Poulin, des amis, des gens d’affaires, les représentants des différents clubs sociaux et organismes, les médias. Tout le monde était là, comme il avait été au salon funéraire la veille. Raymond Gélinas connaissait tout le monde et tout le monde le connaissait, autant les Canadiens que les Québécois, les Européens ou les Haïtiens. Riches ou pauvres, il les avait toujours traités sur le même pied d’égalité et ne comparait qui que ce soit. De lui, on retient trois grands principes qui ont fait sa force lors de son passage sur terre : intégrité, sincérité, honnêteté.
Après la cérémonie religieuse, parents et amis se sont retrouvés au Club House de Dale Village pour un buffet communautaire.
Et quel buffet !
De la bouffe pour nourrir une armée. Tout était bon, bien présenté. Le vin a coulé et, comme à Cana, il ne manquait de rien. Une réception comme les aimait le défunt. Sur la table, des bouquets de chrysanthèmes, la fleur de circonstance par excellence.
C’est dans les moments difficiles qu’on réalise que l’entraide est importante et encore une fois, la communauté francophone de la Floride a prouvé son savoir-vivre
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, à la réception, les gens n’étaient pas tristes. Comme si le deuil s’était doucement installé dans le cur de chacun et qu’on réalisait qu’il fallait désormais passer à autre chose.
Ainsi va la vie Let It Be, Let It Be .