Le Feng Shui est une science séculaire regroupant plusieurs domaines de connaissances.
Les Chinois en ont le secret et l’originalité.
L’objet premier de l’étude est l’ESPACE.
La méthode consiste à évaluer comment, dans un lieu donné, à un moment particulier, les habitants se sont appropriés les divers secteurs de l’espace et y vivent.
Cela s’adresse à la famille pour comprendre ce qui se passe dans une maison, en fonction de la date de naissance du chef de famille et de la date d’entrée dans cette habitation (achat ou location).
Cette étude concerne l’entreprise, Ies commerces, en fonction de la date de naissance du chef d’entreprise, ou du responsable du magasin et de la date d’entrée dans les lieux ou de réouverture après travaux.
Le lieu : son environnement, les constructions les plus proches, le terrain autour du bâti, l’emplacement de la porte d’entrée, la répartition des pièces, l’usage qui en est fait et dans chaque pièce, les différents secteurs : leur dynamique actuelle et ce qui pourrait être aménagé afin qu’ils soient porteurs d’un projet nouveau.
Les habitants : leurs potentialités, les rythmes et thématiques de chacun, compatibilités interpersonnelles, histoire d’un couple ou d’une association professionnelle, d’un partenariat, séquences de temps avec orientations pour le chef de famille ou d’entreprise et pour chacun ; place de chacun dans le lieu à partir de sa date de naissance.
La date d’entrée dans le lieu : confrontation entre le projet de vie familiale ou professionnelle et la réalisation effective depuis la date de jouissance du bien (début d’activité) ; choix de la date de travaux d’aménagement, choix de la date de la reprise après travaux.
Le praticien de Feng Shui évalue les différentes forces et énergies en présence, la façon dont elles s’expriment en un lieu particulier et détermine les secteurs les plus favorables, les moments les plus appropriés.
Qu’est-ce qui fait que certains lieux nous semblent confortables et intimes, alors que d’autres nous indisposent? Une question de fluidité du ch’i, répondront les Chinois. Comprenez le flux d’énergie vitale qui circule en toutes choses et unit les différentes formes de vie dans un grand embrasement cosmique. Une pièce de votre appartement vous laisse de glace? C’est que le yin est en bisbille avec le yang.
Comment résoudre le problème? Grâce au feng shui, répondront toujours les mêmes Chinois. Le feng shui (qui signifie «eau» et «vent») s’occupe de répartition dans l’espace, d’équilibre et de bien-être, dans une vision toute taoïste de l’existence. Chez les enfants de Mao, pas une bâtisse importante n’est construite sans qu’ait été établie au préalable la configuration cosmique du lieu, son rapport avec les cinq éléments: eau, terre, feu, métal et bois.
Pourquoi Construire s’intéresse-t-il aujourd’hui à cet art trois fois millénaire, cette pratique tarabiscotée qui flirte avec l’ésotérisme, l’astrologie et la superstition? Parce qu’il fait une percée fulgurante en Occident: après avoir explosé dans les pays anglo-saxons à forte immigration chinoise, le feng shui commence à séduire la France – où un centre de cours vient de s’ouvrir à Paris en avril de cette année – et la Suisse.
Une guirlande d’organisations a vu le jour entre Zurich et Berne, dont un Institut de formation à Winterthour: «Le feng shui connaît un véritable boom en Suisse allemande. Il intéresse les architectes, les designers et les particuliers qui désirent améliorer leur intérieur. La moyenne d’âge de mes étudiants? Entre 30 et 40 ans», raconte André Pasteur, un chimiste aux idées larges qui a fondé l’Institut alémanique en 1996.
En Suisse romande, le phénomène n’a pas véritablement émergé. Il n’est en tout cas pas la préoccupation première des constructeurs: «On l’applique intuitivement, mais, à ma connaissance, il n’est pas enseigné dans les écoles d’architecture. Les contraintes réglementaires et économiques occidentales sont telles qu’elles priment sur tout le reste», explique un architecte lausannois atypique, très sensible quant à lui à cet art de l’harmonie.
Certains froncent déjà les sourcils: le feng shui ne serait-il pas qu’un rejeton de la géobiologie? Pas vraiment. Cette dernière s’attache à déceler, au moyen de pendules et de baguettes, les réseaux telluriques et les courants d’eau qui diffusent de mauvaises charges magnétiques dans les maisons. Le feng shui s’apparente davantage à une forme de design spirituel: comment aménager l’espace de manière harmonieuse? Comment trouver l’emplacement favorable pour le lit ou la chaise de bureau, l’orientation de la porte et des fenêtres?
Mais pas de panique. Le feng shui est un art de l’aménagement, pas du déménagement. Il y a toujours moyen de «corriger» un lieu ingrat en énergies. Malgré son carcan de règles précises, le feng shui fait surtout appel au bon sens, tout en tenant compte de la personnalité de chacun.
Mode exotique, fantaisie orientale ou vérité ancienne à redécouvrir, le feng shui est assurément un des nombreux courants de recentrement sur soi que connaît cette fin de siècle.