Un vent de panique a gagné la côte ouest de Floride aux Etats-Unis : plus âme marine qui vive sur une partie du littoral bordant le Golf du Mexique ! Cette année, la marée rouge a été plus meurtrière que jamais…
Après la découverte de milliers de mammifères marins, poissons, crustacés et tortues morts échoués sur le littoral sud-ouest de l’État. Une quinzaine de personnes ont également été intoxiquées après avoir été exposées à ce que l’on appelle une marée rouge. Explications.
La prolifération massive d’une microalgue d’apparence rouge est responsable de ces échouages en nombre sur les plages de plusieurs comtés au sud de Tampa, en Floride, depuis le 28 juillet. Ce phénomène se produit presque tous les ans dans la région, mais ces derniers jours, la concentration de Karenia brevis, le microorganisme en question, est la pire depuis dix ans. Il produit une neurotoxine mortelle pour les poissons et capable de causer d’importants problèmes de santé chez les humains, lorsqu’ils respirent cette substance.
Les efflorescences à l’origine des marées rouges dépendantes de la présence de conditions hydroclimatiques favorables. La température, les périodes d’ensoleillement et les courants marins sont autant de facteurs environnementaux qui peuvent contribuer à une telle prolifération. Il s’agit d’un phénomène très fréquent dans les eaux tropicales, comme le golfe du Mexique. D’autres facteurs résultent de l’activité humaine, tels que la contamination du golfe par des engrais, des eaux d’égout et des écoulements de fosses septiques, qui peuvent tous aggraver la croissance des algues.
Un phénomène déjà vu au Québec
« Je ne peux pas vraiment vous dire pourquoi cela a duré aussi longtemps et quand cela va s’arrêter », a déclaré Quay Dortch, responsable environnemental auprès du National Ocean Service. « C’est quelque chose que nous ne savons pas en ce moment. »
Il y a dix ans, du 5 au 27 août 2008, l’estuaire du Saint-Laurent avait connu une improbable marée rouge. Des milliers d’oiseaux, des centaines de mammifères marins et d’innombrables poissons avaient été tués par des algues de type Alexandrium tamarense, différente donc de celle qui a frappé le littoral floridien.
Sources : The Tampa | Le Soleil
Mais cette dernière épidémie est mystérieuse et beaucoup plus grave.
Elle réapparaît toujours à la même époque, faisant plus ou moins de dégâts mais cette fois-ci, sur une zone de 3200 km², allant du comté de Pasco à celui de Sarasota, elle a dévasté les sites favoris des plongeurs et confisqué aux pêcheurs les ressources qui les faisaient vivre… Cette vague mortelle est l’œuvre d’une microalgue appelée Karenia brevis qui produit une puissante neurotoxine, la brevetoxine. Si cette dernière peut entraîner de graves problèmes respiratoires chez les humains, elle fait surtout des ravages parmi les poissons, les coquillages, les crustacés ou les éponges et même – fait dont les experts n’ont la preuve que depuis peu de temps – parmi les mammifères marins. Cet été, elle a carrément décimé la population de tortues de la côte : une soixantaine en sont mortes depuis début juin, principalement des caouannes, et même quelques tortues de Kemp déjà menacées de disparition…
Une équipe publiait en juin dans la revue Nature les résultats de son étude sur le mode d’action de ‘l’arme biochimique’ de Karenia brevis. Conclusion ? La brevetoxine se répand tout au long de la chaîne alimentaire marine, en commençant par s’accumuler à fortes concentrations et de manière durable dans les plantes marines, dont se nourrissent les lamantins… ‘Nous savions que la brevetoxine était impliquée dans la mortalité des lamantins, mais nous ne comprenions pas comment ces mammifères herbivores pouvaient être exposés à des quantités létales de toxines après que la marée rouge se soit dissipée’ explique Leanne Flewelling du Fish and Widlife Research Institute de Floride, auteur de la publication. Concernant les dauphins, l’implication de la microalgue dans cette forte mortalité était plus difficile à démontrer, la toxine n’étant pas toujours présente dans les cadavres autopsiés. Or, les cétacés ne s’alimentent que de proies vivantes. Impossible qu’ils aient pu s’intéresser à des poissons planctivores tués par le passage dans leurs branchies de la brevetoxine présente dans l’eau. Sauf qu’en réalité, d’autres poissons contaminés eux par de faibles doses au niveau de leurs organes internes survivent… et finissent dans l’estomac des dauphins ou même d’oiseaux marins !
Source : Revue Nature