La pire tuerie de masse de l’histoire des Etats-Unis.
La fusillade survenue dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin à Orlando (Floride) dans une boîte de nuit nommé « le Pulse », est la pire tuerie de masse de l’histoire des Etats-Unis. Avec un bilan encore provisoire de 49 morts et 53 blessés, il s’agit également de l’attentat le plus meurtrier survenu sur le sol américain depuis celui du 11 Septembre 2001.
Les comptes rendus des médias locaux, les conférences de presse de la police et des autorités, ainsi que les comptes Twitter ou Facebook du club, des témoins, et des officiels de la ville permettent de retracer le déroulé des événements.
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Premiers coups de feu à 2 heures
D’après Reuters, près de 350 personnes assistaient à la soirée « Latin flavor » organisée au Pulse, haut-lieu de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) d’Orlando. Cependant, il reste encore impossible de savoir combien étaient encore présentes lorsqu’une demi-heure avant la fermeture de l’établissement, Omar Mateen gare son véhicule sur le parking de la boîte de nuit vers 2 heures du matin.
Selon le rapport de John Mina, le chef de la police de la ville, c’est aux environs de 2h02 du matin que Omar Mateen pénètre dans l’enceinte du club, armé d’un fusil d’assaut AR-15, d’un pistolet et de plusieurs munitions de rechange, qu’il ouvre le feu et tue bon nombre de personnes.
« Vers 2 heures, quelqu’un a commencé à tirer. Les gens se sont jetés sur le sol, raconte l’un des clients du Pulse, Ricardo Negron, interrogé par Sky News. Il y a eu une courte pause et certains d’entre nous ont pu se lever et sortiren courant par-derrière. »
Un officier de police, qui travaillait comme agent de sécurité dans le club, intervient. Il échange des tirs avec l’assaillant. Une mère de famille a expliqué à la chaîne locale WFTV avoir reçu plusieurs textos de sa fille de 18 ans, à partir de 2 h 07. Touchée par un tir, elle est accompagnée de ses deux cousines et appelle à l’aide.
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Prise d’otages dans les toilettes
Les renforts de police arrivent alors que la fusillade est encore en cours. Le tireur, acculé, se retranche dans les toilettes de la discothèque. La prise d’otage débute. Selon la police, c’est dès toilettes que l’assaillant compose pour la première fois le 911 et prête allégeance à l’Etat islamique.
A partir du début de la prise d’otage, il n’y a plus eu de coups de feu jusqu’à l’assaut a expliqué, lundi matin, lors d’une conférence de presse, le chef de la police d’Orlando. Le contact est établi avec des négociateurs qui ont au bout du fil un homme calme, sans demande particulière. Il mentionne toutefois une ceinture d’explosif, ce qui inquiète les forces de l’ordre.
Une centaine d’officiers du bureau du shérif du comté d’Orange et de la police d’Orlando sont au même moment déployés aux abords du club. Finalement, craignant que le massacre ne se poursuive, la police décide de donner l’assaut.
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Assaut donné à 5 heures
Il est près de 5 heures quand les équipes de l’unité d’élite de la police (Special Weapons and Tactics, SWAT) lancent l’assaut. Deux explosifs sont lancés pour tenter d’ouvrir le mur qui les sépare de la prise d’otage, mais la tentative échoue. Les forces de l’ordre sont contraintes d’utiliser un véhicule blindé pour enfoncer le mur. Par les trous effectués dans la parois, des otages parviennent à s’échapper et le tireur réplique par des tirs. Un officier est touché à la tête, protégée par son casque en Kevlar, il est à présent hors de danger.
Une trentaine de personnes sont alors secourues et escortées saines et sauves hors du club. Un peu moins d’une heure après le début de l’opération, à 5 h 53, la police d’Orlando annonce qu’Omar Mateen a été tué.
Des clients de la boîte de nuit sont-ils tombés sous les balles des forces de l’ordre ? « Des policiers ont ouvert le feu au moment de l’assaut, des échanges de tirs ont eu lieu, donc cela fait partie de l’enquête » s’est contenté de répondre le chef de la police d’Orlando.
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48 victimes identifiées
Le premier bilan de la fusillade est donné vers 7 h 15. L’identité de l’assaillant est confirmée à 10 h 15, alors que le nombre de victimes est revu à la hausse : 49 personnes ont été tuées, 48 d’entre elles ont été identifiées, 53 autres ont été blessées. Un premier bilan faisait état de 50 victimes, en comptant le tireur.
Quelques heures après la fusillade, l’EI a revendiqué la responsabilité de la tuerie. D’après plusieurs responsables fédéraux, rien ne montre à ce stade de l’enquête qu’Omar Mateen ait été entraîné ou directement mandaté par l’organisation islamiste, ni qu’il ait eu un contact direct avec un de ses membres.
Le jeune Américain d’origine afghane de 29 ans avait toutefois éveillé les soupçons des autorités fédérales en 2013 et 2014 pour ses éventuels liens « avec des terroristes ». Aucune preuve probante n’avait alors été établie, a précisé Ronald Hopper, un responsable local du FBI, lors d’une conférence de presse. Le tireur d’Orlando « ne constituait pas une menace substantielle à ce moment-là ».
Les faits résumés par LeMonde:
- Un homme lourdement armé a ouvert le feu au Pulse, une boîte de nuit gay d’Orlando ;
- Le FBI a confirmé qu’il s’agissait d’Omar Mateen, un citoyen américain de 29 ans, né de parents afghans ;
- Il a pris en otages plusieurs personnes avant d’être abattu par les forces spéciales ;
- 49 personnes sont mortes, 53 ont été blessées ;
- L’Etat islamique a revendiqué l’attaque.
« Profondément dérangé et traumatisé »
L’ex-femme d’Omar Mateen, elle, avait senti la violence monter. Au point d’appeler ses parents à l’aide. Ces derniers ont fini par l’exfiltrer de l’appartement conjugal. Sitora Yusufiy avait ensuite alerté la police.
« Il était instable mentalement, et malade mentalement », a-t-elle confié aux médias, évoquant aussi le fait que son ex-mari prenait des stéroïdes. « Il était évidemment dérangé, profondément, et traumatisé ». Elle n’a plus jamais revu l’homme à l’origine du massacre d’Orlando. « Ma famille m’a littéralement sauvée ».
Daniel Gilroy, qui a travaillé dans la même entreprise de sécurité que Omar Mateen et l’a côtoyé en 2014-2015, parle de son collègue avec des termes similaires. Interrogé par Florida Today, il décrit le tireur présumé comme un homme « instable et déséquilibré » qui faisait régulièrement des remarques racistes et homophobes. « Il ne prononçait jamais trois ou quatre phrases de suite sans insulter les Noirs ou les gays », ajoute-t-il. « J’ai démissionné parce qu’il était malsain », affirme Daniel Gilroy, qui se dit « pas surpris par la tuerie ». Suite : Le Monde
«Nous allons nous unir pour défendre notre peuple», déclare Obama
Après l’attentat qui a fait au moins 50 morts, selon un dernier bilan, dans une boîte de nuit gay à Orlando, le président américain s’est adressé à la nation. Le visage fermé, Barack Obama a appelé les Américains à s’unir « quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur religion ». Face à ce qu’il qualifie de « pire tuerie dans l’histoire des Américains », le président a indiqué mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour connaître « comment et pourquoi » un tel événement a pu se produire.
Une fois de plus, le président américain a répété son désir d’encadrer le commerce des armes à feux : « ce massacre est un rappel supplémentaire qui montre à quel point il est facile de se rendre dans une école, une église, un cinéma ou une boîte de nuit pour tirer sur les citoyens. Il faut savoir si l’on veut vraiment être ce genre de pays ». Le regard ferme il a rappelé la volonté du pays de « ne pas céder à la peur » tout en s’adressant à la communauté LGBT : « C’est une journée particulièrement dure pour les Américains lesbiennes, gays, bi et trans » déplore-t-il. Avec compassion, Barack Obama a appelé toute la nation à prier pour donner la force aux familles de « supporter l’insupportable ».
Témoignage de Nicolas Vigneau
Je suis triste. Je suis en colère. Je suis consterné. Je me sens impuissant. L’horreur et l’atrocité de cette tuerie dans un club gay d’Orlando en Floride qui a fait une cinquantaine de victimes et une cinquantaine de blessés-es me jette à terre. Amour, courage et solidarité avec les famille des victimes et toute la communauté LGBT de Floride et des États-Unis au grand complet. On aura beau dire que nous sommes en 2016, il y a encore des gens pour poser des actes homophobes, de la blague de mauvais goût au meurtre. Nous devons continuer de lutter contre l’homophobie. Nous avons le droit d’aimer et d’être aimé sans crainte ni honte. Nous ne méritons pas d’être opprimés, discriminés ou tués parce que nous avons des orientations sexuelles différentes. Luttons de toutes nos forces et faisons attention à ne pas céder à la haine, à ne surtout pas la perpétuer.
Témoignage de Denis Martin Chabot
Ce matin, je suis triste, mais aussi furieux. Malgré des années de lutte pour la reconnaissance, pour l’égalité et pour la liberté, la haine persiste et signe. Quel constat désolant!
On dit qu’il y a un trésor au bout de l’arc-en-ciel… Espérons, en effet, un trésor, au bout de l’arc-en-ciel gai, celui de l’égalité, de la liberté et de la fraternité (pour reprendre les mots de la devise de mes cousins français).
Homophobia is alive and well, mes amis!
Un peu d’humanité, bordel de m…
Témoignage de Daniel Picard
Un faux Walt Disney que d’être gai…
J’avais 7 ans quand j’ai compris que j’étais différent, que je n’aurais jamais d’enfant et que ma religion allait me punir à vie pour mes péchés, or j’ai côtoyé Satan jusqu’à l’âge de 40 ans de peur de décevoir ceux qui étaient censés m’aimer, mais surtout de peur de finir seul et isolé face à mon orientation.
Oui me direz-vous la société est ouverte et nous « accepte » mais au quotidien, la réalité, la vraie réalité est souvent toute autre pour un homosexuel.
Bien sûr il y a les armes qui tuent, comme à Orlando, mais parfois la mort d’un homosexuel se vit seul, devant une corde à se demander où il pourrait bien l’attacher pour en finir parce que « oui », c’est compliqué d’être gai. Cette peur de la différence, cette peur du regard des autres, cette peur des ragots, cette peur d’affronter constamment les préjugés, cette obligation de sortir de chez soi en jouant la « game » du gars viril qui pour faire partie du groupe devra lui aussi raconter une bonne blague de « tapette » en sirotant sa bière tablette pis en pétant devant ses chums.
Pourtant je continue d’entendre que les gais sont « acceptés », et que tout va de mieux en mieux alors pourquoi le suicide chez les jeunes gais est cinq fois plus élevé que chez les jeunes hétéros? Pourquoi être gai dans plusieurs endroits est encore passible d’emprisonnement ou de peine de mort? Et pourquoi je dois me cacher quand je voyage avec mon amoureux? Et ce même ici au Québec?
« J’ai réservé sur Expédia madame, comme tout le monde, pourquoi soudainement en nous voyant demander un seul lit votre hôtel est-il plein? »
Si c’est tant accepté, pourquoi on m’a rejeté d’une équipe de hockey alors que j’étais l’un des meilleurs joueurs et son capitaine depuis deux ans? Pourquoi certains de mes clients en marketing m’ont déjà ordonné de ne jamais parler de mon orientation sexuelle sur les réseaux sociaux sous peine de résilier leur contrat avec moi? Pourquoi lors de funérailles, on m’a déjà demandé de laisser mon conjoint à la maison de peur de ne pas « choquer » les invités? Pourquoi j’ai dû vivre avec les stores fermés pendant des années parce qu’à l’arrivée de mon « chum » au souper, je l’embrassais et ça dérangeait nos voisins? Pourquoi je me suis fait expulser d’un loyer trois semaines après que mon conjoint ait emménagé avec moi, alors que j’y demeurais sans problème depuis trois ans? Pourquoi je ne peux donner de sang? Pourquoi dans un grand restaurant à la St-Valentin on m’a déjà recommandé une table isolée afin de ne pas déranger les couples « normaux » ? Pourquoi lors d’un nouvel emploi « municipal » auprès de jeunes on m’a demandé une copie de mon dossier criminel afin de prouver que je n’étais pas un pédophile? Alors qu’aucun des neufs autres intervenants hétéros n’a eu à le faire?
Pourtant je connais des batteurs de femmes qui n’auront jamais à présenter leur dossier criminel avant d’être engagés et à qui on va même peut-être confier vos enfants… Alors comment peut-on être aussi ouverts et tolérants alors que le taux de dépression, de toxicomanie et de suicides chez les gais ne cessent d’augmenter?
Et comment doit-on réagir en regardant 50 humains sauvagement abattus par un cinglé juste parce qu’ils n’étaient pas hétéros?
Désolé mais vous ne m’avez pas encore convaincu, je ne me sens pas plus « accepté »…
Au début des années 2000, lorsque j’ai retrouvé mon copain avec une balle de 30-06 dans la tête, c’était le 3e suicide de l’année en relation avec l’homosexualité dans cette communauté autochtone où je travaillais. J’avais juré sur mon honneur de ne jamais parler de notre relation et chaque jour depuis, je regarde ses parents qui ne savent rien et je regrette. J’entends encore son père au réveillon de Noel en présence de toute sa famille : « Moi les ostis de tapettes ça me dérange pas mais crisse qu’ils me cruisent pas les tabarnaques parce qui vont avoir affaire à moé… » (En mimant le geste d’un tireur d’élite)
Alors je ne peux m’empêcher de dire à voix basse dans ma tête depuis ce drame : « Vous n’avez pas appuyé sur la gâchette monsieur (…) quand votre fils s’est suicidé, mais vous avez fourni les munitions. »
Les balles tuent, parfois les mots aussi le font.
Bien sûr plusieurs gais vivent une vie heureuse et épanouie mais l’autre « gang », celle dont personne ne parle, ceux qui sont dans le jargon des « hors-milieu » ou dans le placard… Ceux qui comme moi ont des carrières où l’homosexualité n’est pas du tout toléré, ceux qui ne sortent pas dans les bars ni ne participent au « gay pride », ces gais-là qui m’aident la fin de semaine à démonter un moteur de char entre deux tounes de Metallica, ces gais-là de qui on ne parle jamais et qui vivent dans le secret, c’est à eux que je m’adresse aujourd’hui.
Je pense à mes chums dans la construction qui doivent jouer la comédie depuis vingt ans devant les gars du chantier pour ne pas perdre leur job, à mes amis hockeyeurs qui se cachent dans le vestiaire depuis des années de peur de perdre leur poste, à mes chums de ski-doo qui vivent avec le même coloc depuis dix ans, à mes amis pilotes d’avion qui craignent pour leur vie avant d’atterrir dans certains pays de peur d’être emprisonnés, voire même décapités, à mes chums de moto obligés de louer deux chambres de motel lorsqu’ils voyagent dans certains états américains pour ne pas « attirer l’attention » et se faire frapper, eh bien comme vous un jour en écoutant la télé et en bouffant son Kraf Dinner, on voit les corps de 50 gais et lesbiennes exécutés et c’est alors qu’on se demande : « Devrais-je sortir du placard à mon tour? »