Douleur aux funérailles de l’ex-colonel Guy François, l’une des dernières victimes de l’insécurité
‘Plus rien ne sera comme avant. Ton sourire, ta gentillesse, ta joie de vivre et ton affection paternelle resteront à jamais gravés dans ma mémoire’, a déclaré la voix larmoyante, le cur déchiré Valérie François dans un ultime message posthume à son papa assassiné, l’ex-colonel Guy François, à l’occasion de ses funérailles jeudi.
Dans l’enceinte de l’église St-Pierre de Pétion-Ville (banlieue est de Port-au-Prince), la femme et les quatre autres enfants de l’ancien officier des ex-Forces Armées d’Haïti (FAd’H) exprimaient aussi leur douleur et leur désespoir par des gémissements.
La cérémonie religieuse s’est déroulée en présence des anciens généraux Prosper Avril, ex-Président d’Haïti (1988-1990), Jean-Claude Duperval et Acédius Saint-Louis ainsi que d’autres anciens militaires de générations différentes dont les colonels Franck Romain, Himler Rébu et le major Dany Toussaint, tous trois candidats malheureux aux dernières présidentielles.
Dans son homélie de circonstance, Mgr Eustache St-Hubert a jugé incompréhensibles et inacceptables les disparitions tragiques à répétition qui frappent le pays. ‘Jusques à quand pourrons nous continuer à accepter cette situation’, s’est demandé le prélat en appelant la population à implorer la puissance divine.
Au nom d’une douzaine d’anciens camarades de promotion du défunt, l’ancien chef de la police de Port-au-Prince à la fin des années 80, l’ex-colonel Joseph Dominique Baguidy a retracé la brillante carrière militaire de Guy François. Il en a profité pour dénoncer l’hémorragie créée par l’insécurité dans la société haïtienne.
Une plaque d’honneur a été remise à Madame François en témoignage de la reconnaissance des services rendus par son mari à l’institution militaire dissoute par Jean-Bertrand Aristide en 1995.
Interrogés en marge des funérailles de leur frère d’armes, des ex-officiers ont tiré la sonnette d’alarme face à l’ampleur de la violence. Dany Toussaint, leader du parti MODEREH, a lancé un appel à la mobilisation en vue de juguler l’insécurité qui menace de faire disparaître Haïti. Franck Romain du PACCAPALA a, de son côté, souhaité l’utilisation des ressources disponibles pour faire face à ce problème. Quant à Himler Rébu, dirigeant du GREH, il a mis l’accent sur la dimension collective de l’insécurité et la nécessité pour tout un chacun d’en prendre conscience.
A l’issue de la cérémonie, la dépouille du colonel François a été transportée en Floride où elle doit être inhumée. Le frère du disparu, Rony François, est l’actuel secrétaire à la santé de cet Etat du sud des Etats-Unis.
De son nom complet Guy André François, l’ancien colonel, 53 ans, a été tué d’une balle à la tête le 14 septembre dernier par deux bandits alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture à Pétion-Ville.
Membre de la promotion 1971-1973 de l’Académie militaire d’Haïti, durant ses 18 ans de service actif au sein des FAd’H, il a fait partie de différentes unités comme la Garde Présidentielle, le Corps des Léopards et le bataillon Jean-Jacques Dessalines. Sous son commandement, les Casernes Dessalines étaient impliquées dans une tentative de coup d’Etat contre le général-Président Prosper Avril en 1989.
Guy François devait passer plus de deux ans en tôle pour son implication présumée dans les événements du 17 décembre 2001 qui avaient été présentés comme une tentative de putsch contre Aristide. Il ne devait sortir de prison qu’à la chute du Président Lavalas, le 29 février 2004.
Ref: Radio Kiskeya