Elle est Canadienne, il est Cubain. Ils se sont rencontrés sur un bateau où ils travaillent tous les deux. Ils habitent Miami Beach. Ensemble, ils parlent anglais. Ils ont 25 ans, ils sont beaux, en forme et ont la tête pleine de projets.
Pour lui, la vie n’a pas été facile. Né et éduqué à Cuba jusqu’à l’âge de 22 ans, Ricky est arrivé au pays sur un petit bateau-cigarette à la Thanksgiving 1996. Il s’en souvient comme si c’était hier.
Il s’est enfui de Cuba sur un coup de tête. Il est arrivé à Key West en pleine nuit, sans papiers, sans identité, sans vêtements de rechange, pas une cenne en poche et unilingue espagnol. Toute sa famille est à Cuba. Il ne voulait pas vivre la vie de son père, c’est-à-dire végéter et attendre que le gouvernement de Fidel décide de lui donner quelques miettes en guise d’appréciation ou de salaire.
Ricky voyait loin et grand. Quand, à la dernière minute, on lui a offert d’embarquer dans le petit bateau, il n’a pas hésité une seconde. Il a sauté sans même dire bonjour à personne.
Sans papiers et sans identité, il ne pouvait espérer une aide gouvernementale des Etats-Unis. Il a demandé un statut de réfugié et, avec l’aide d’amis cubains en Floride, s’est bâti une vie. Depuis un an, il file le parfait amour avec Mélanie, gagne 800$ par semaine, s’habille comme un prince, conduit sa propre voiture et songe à fonder une famille. Il est heureux.
Regrette-t-il son coup de tête? « Jamais de la vie! Jamais je ne pourrai regretter d’avoir pris la décision d’être heureux. Aux Etats-Unis, j’ai un avenir, je suis des cours, je travaille et je suis en amour. À Cuba, je n’avais strictement rien, j’étais un ti-cul comme les autres. Dans deux ans, j’aurai une nouvelle nationalité et mes enfants seront Américains. Je travaille très fort, mais ça vaut le coup. Qu’on ne me dise jamais qu’il n’y a pas de jobs pour les jeunes. Ce n’est pas toujours une job payante, mais il y a du travail »
Il a exercé plusieurs métiers avant de trouver sa voie. Sa vie n’a pas été facile. Tout quitter du jour au lendemain pour vivre son rêve n’est jamais facile. Surtout quand on n’a personne pour palier aux intempéries de la vie.
Ricky travaille fort, il n’est pas gâté par un système gouvernemental ou des mesures sociales surprotectrices ou des parents surprotecteurs. Il n’a pas et n’aura pas avant longtemps de « welfare » ou bien-être social en cas de malheur .
Il est à la dure école mais il ne se plaint pas. Pour lui, le bonheur est en Floride avec Mélanie et non à Cuba avec la parenté. Ricky assume bien ses choix.