Jean-Marc Michaud, fondateur du voyagiste Americanada, connaît assez bien le sud de la Floride, quand il s’y amène, dans les années 70, à la recherche de motels où on parle français. Car, dans son enfance, il allait souvent à Surfside, avec ses parents et grands-parents.
Puis, quand il a commencé à exploiter Americanada, il organisait d’abord des circuits en autocar vers les Maritimes, la Californie et la Floride aussi, mais ses autobus s’arrêtaient toujours au DiLido, au coin de la Lincoln Mall au sud de Miami Beach.
Quand Jean-Marc Michaud a entendu dire qu’on parlait français à North Miami Beach (ajourd’hui Sunny Isles), il part en prospection. Et rencontre Guy Lévesque, propriétaire d’un motel de 52 unités, le Coral Seas.
« C’était un petit motel bien sympathique », dira-t-il, « avec un seul palmier à la piscine et un stationnement de chaque côté du motel. Mais comme on y qui annonçait de la ‘draft’ cela plaisait à de nombreux Québécois. »
«Ensuite », poursuit Monsieur Michaud, j’ai trouvé le motel Suez, où la gérante Mme Liliane Harvey, une anglophone de l’ouest canadien qui parlait un assez bon français accepta de travailler avec nous. Puis ce fut le Hawiann Inn, qui avait un gérant du nom de Gaston Moquin, le frère du lutteur Larry Moquin, et aussi le Beachcomber (qui devint le Beacharbour) quelques années plus tard.»
C’est avec ces quelques propriétés ou il était possible de parler en français que j’ai pu produire la première brochure d’Americanada.
Spécifions ici que dans ce temps, Americanada n’offre que l’hébergement, les voyages complets incluant l’avion viendront plus tard. Il suit Guy Lévesque : au Motel Attaché au Blue Grass et au Desert Inn.
« Le marché s’est développé quand nous avons passé le message, que ça parlait français dans cette partie de Miami Beach. Les touristes pouvaient manger en français, visiter Parrot Jungle ou Seaquarium avec un guide français. De plus c’était une destination ‘bon marché’ où aller aux Etats-Unis. Je me souviens d’avoir vendu du Montréal-Miami, avion, hôtel, transferts et excursion à Parot Jungle pour 119$ piastres. »
Bientôt, les hôteliers regardent Jean-Marc Michaud avec respect. Quand il disait à un gérant que les tapis laissaient à désirer, ça ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd.
« De 1975 à 1995 environ, j’allais en Floride six, sept fois l’an. J’observais les changements qui s’opéraient. J’étais toujours à la fine pointe, à la découverte d’un motel qui venait de faire des rénovations et que je pouvais conseiller à ma clientèle. J’étais toujours au courant parce que j’avais un réseau d’amis qui m’indiquaient les bonnes affaires : le gars qui s’occupait des chaises longues, celui qui vendait des excursion et les gens des bars me tenaient au courant.
Les propriétaires et gérants collaboraient également, ils nous faisaient de bons prix. J’avais réussi à leur faire comprendre que si nous remplissions leurs unités, ça ferait marcher leurs bars et leurs restaurants.
Nous sommes devenus au fil du temps le plus important grossiste en voyages pour la Floride. »
Bien sûr avec ses amis de Sunny Isles il pourrait nous raconter des soirées mémorables, qui lui ont laissé d’agréables souvenirs…
« J’ai aimé cette section de la Floride. C’était un petit village où j’ai eu du plaisir. Je me tenais dans les bars « locaux » comme on disait et me suis fais de nombreux amis.
« – Vous vous êtes fais des amis et on vous a rendu hommage aussi : vous avez été récipiendaire d’un trophée Soleil, du journal Le Soleil de la Floride
– Oui, j’avais
j’avais été bien ému. Car c’était la première fois qu’ils le donnaient à quelqu’un hors Floride. Ils m’avaient aussi nommé président à vie du CanadaFest de Hollywood
.
Ah, tout le travail que j’avais fait pour aider cette région… En réalité, nous nous aidions mutuellement.
En 2002, Jean-Marc Michaud a vendu Americanada, ayant bien compris qu’il ne ferait plus de bonnes affaires à Sunny Isles parce que les petits motels tombaient tous sous le pic des démolisseurs.
Semi-retraité, Jean-Marc Michaud demeure dans le domaine du voyage. Il travaille pour le voyagiste Artistours qui se spécialise dans la vente de forfaits pour aller entendre Céline Dion à Las Vegas. Toutefois, il évoque toujours la Floride avec un brin d’émotion :
Mes parents et mes grands-parents, même mes parents ont eu des condominiums en Floride. Par la suite, j’y ai fais de bonnes affaires et on m’a gâté. Ce furent peut-être les meilleurs moments de ma carrière dans l’industrie du voyage et de ma vie. »
Photos
Jean-Marc Michaud et Gérard Vermette, de qui le premier dira: ‘C’est un garçon que j’ai beaucoup aimé. De gros rustre qu’il était censé être, il avait une bonne culture.Il nous a beaucoup aidés.’
Présentation du trophée Soleil par Jean Laurac. À remarquer Michel Jasmin dans la photo.
En compagnie de la spécialiste en voyage Marie-Claude Choquet et de Denyse Chartrand, co-fondatrice du Soleil de la Floride.