Carl et Gladys Fombrun!
Le 23 Mars 2008 ramenait le 51e anniversaire de notre anniversaire de mariage, ma chère épouse Gladys Eno Fombrun et votre serviteur. Cette dernière de me rappeller, que le soir suivant, le 24 Mars 1957, sortant de l’ordinaire, mon cher père, Charles Fombrun, nous invitaient à le rejoindre au Casino International à Port-au-Prince, dans un tête-à-tête à trois. Nous rejoignaient à cette table, le même soir, l’élégant officier Philippe Dominique de regréttée mémoire, qui perdrait sa vie dans de tristes circonstances quelques années après, dans une invasion contre Francois Duvalier au palais national.
Carl et Gladys Fombrun! 23 Mars 1957…
Carl et Gladys Fombrun! 23 Mars 1957…
Charles Fombrun n’était certainement pas comme son fils votre cavalier servant, un exhibitioniste, et étant un homme politique de son temps, il évitait toutes expressions de sentiments personnels en public ou parfois même en privé. Ce soir, au casino international, il désirait me faire preuve d’affection, le dernier de ses fils qui était un nouveau marié à la recherche d’un meilleur destin sur des rives étrangères. C’était réconfortant et un honneur pour moi de me retrouver publiquement en compagnie de ce père excessivement réservé, avec un perpétuel sourire au dessous d’une fine moustache et de gros yeux bleus. En patriarche, il avait l’habitude d’assister dans son salon au défilé de plusieurs membres immédiats de sa famille (parfois des alliés), à la recherche d’une faveur; une simple requête du prestigieux et tout puissant sénateur Charles Fombrun de ce temps, au bénéfice d’une tierce personne, à un président de la république ou à un autre grand du jour, équivalait à son poids d’or pour le quémandeur ou la quémandeuse. Je me souviens de l’un de ces dimanches, du grand Charles, affectueusement appellé, Ti-Charles, par quelques uns de ses collègues, allongé sur sa galerie en sa résidence montagneuse à Laboule , qui voyait s’amener une habituée à ces imposantes réunions familiales, et il me confiait en pince-sans-rire : Que va t’elle me demander cette fois?
Charles Fombrun, tout en étant un homme public, était sensible et délicat. Il ne laissa à aucun de ses sept fils son prénom. Il déclarait que c’était une charge pesante. Je fus le dernier de ses héritiers qui faillit être nommé après lui, car il avait une réticence pour le nom José Maria que m’avait légué ma mère à ma naissance, honorant ainsi le nom de son frère Joseph et le sien… Le jour de mon baptême il suggéra un compromis pour les noms Carl, suivit de Henri, le batisseur de la Citadelle, et Christophe (Martin,) un ami de longue date. Mais, les générations suivantes prirent la relève, et le nom Charles Fombrun est encore avantageusement présent à traver le monde. Il en fut témoin pour un temps et me confiait avec son sourire taquin: Quelle responsabilité! Au moins tu n’auras pas à t’en faire Il déclina d’écrire ses mémoires.
Humaniste par excellence, Charles Fombrun était respecté par ses pairs et même un Francois Duvalier a insisté à l’avoir en le choisissant comme son représentant pour une mission en Argentine en 1957. Papa Doc avait aussi passé l’ordre à ses cagoulards de ne jamais se permettre de mettre les pieds en la résidence du sénateur Fombrun. Le Lion de l’Artibonite, comme il était populairement connu, sera toujours dans mes pensées, un très cher père et ami, d’une noblesse d’âme, ayant de l’entregent à revendre.
Carl