Cette triste histoire écrite par Rollande Lapierre des Iles de la Madeleine qui a perdu sa fille Annick à l’âge de 17 ans en l’an 2000, est très émouvante mais combien réaliste. Merci Rollande, je suis certaine que ce texte aidera mes amis proches qui ont eux aussi perdu un enfant.
C’est pour vous, Annette et Raynald, Sarah et Christian, Alexandra et Jean Jacques, Ginette Lapierre, Louise Chevrier, Gérard Renaud, Nicole, ma belle soeur Minette, je sais que quelques part dans le récit de Rollande vous allez vous retrouver et que ça va vous aider à alléger vos souffrances le temps d’un respire… C’est pour vous !!!
Il y a maintenant 19 ans, Annick a été réduite au silence. Elle a été surprise à prendre sa dernière respiration sans qu’elle ait eu la chance de plaider sa cause face à ce droit fondamental, soit celui de vivre… Le 3 décembre 2000 nous n’avons pas, ce matin-là, déclenché le compte à rebours de son décès. C’était une journée ordinaire. Une soirée qui s’annonçait amusante avec des amis de notre côté et pour elle un spectacle amateur pour opération Enfant Soleil, une cause qui lui tenait beaucoup à cœur, elle chantait.
Comme à chaque départ de la maison, je lui ai rappelai combien c’était important d’être prudente elle m’avait même dit ce soir-là qu’elle comprenait pas pourquoi j’étais inquiète car j’étais plus inquiète qu’à l’accoutumée, est-ce l’instinct maternel, un signe que j’ai pas compris on le saura jamais… le tirage au sort de la fatalité s’est abattu sur Annick âgé de 17 ans, qui malheureusement a perdu la vie dans un accident de la route, perte de contrôle, chemin glissant, mauvaise conduite, manque de chance???
Pourquoi elle? Ses 2 amis sont sortis vivants, mais pas elle, tant de questions … On passait une petite soirée amusante avec des amis, on rigolait, on avait du plaisir quand tout à coup vers minuit on frappe à notre porte. Un membre de la sureté du Québec s’introduit chez nous. Il est là impuissant, fragile…«Bonsoir madame, monsieur vous êtes bien les parents de Annick Lapierre? J’ai le regret de vous informer que votre fille a eu un accident de la route…
Un courant foudroyant me traverse le corps et arrache tout sur son passage… À ce moment je ne pleure pas, je hurle toute la souffrance qui ne pourra jamais s’extirper de mon corps. Toute mon énergie se dissout, je m’écroule, je suis sans mots, sans vie et surtout sans avenir…Le policier me demandent de rassembler le peu d’énergie qu’il me reste pour me rendre au centre hospitalier. Nous nous y rendons, sans nous rendre compte que nous nous dirigeons droit vers le lieu de l’accident. Nous passons tout près de l’endroit sans vraiment prendre conscience que la police, les pompiers et voitures de services sont tous à cet endroit pour cette enfant que je viens de perdre.
Pendant tout le trajet, mon esprit est fixé sur une seule et unique pensée, la seule interrogation dont je ne connais pas encore la réponse : « je souhaite sincèrement ma chérie que tu sois vivante. J’ai tellement prié avec notre ami Rejean Lapierre qui nous accompagnait dans la voiture de polices. Rendus sur place, nos familles, la police et le personnel nous prennent en charge. Je la vois la détresse dans les yeux de tous ces gens qui, malgré la tragédie, essaient de faire leur travail. Puis vient le moment où ils nous autorisent à la voir. Dès que je l’aperçois, je ne peux m’empêcher de pleurer son nom pour qu’elle sache que je suis-là. J’ai peine à le croire je ne veux pas y croire.
Tant de choses se bousculent dans ma tête. Je voudrais la prendre dans mes bras, la bercer, lui redonner la vie en échange de la mienne. Je suis-là à pleurer ma fille et je ne veux surtout pas la laisser tomber. Elle est seule de l’autre côté, se sent elle abandonnée?
QUI ou QUOI veillera sur elle désormais?
Ce soir-là, je lui ai fait mes adieux et suis reparti avec ce vide profond, qui depuis ce jour ne m’a jamais quitté. Il n’y aura jamais de futur avec elle, plus jamais de projets ensemble, jamais de petits-enfants à tenir dans mes bras…Lorsque j’ai pris la décision d’amener une toute petite fille à la vie, je lui ai fait la promesse de ne jamais la laisser tomber. Faire le choix de devenir parent, c’est faire le choix d’aimer de façon inconditionnelle. Malgré l’absence d’Annick je continue encore aujourd’hui à honorer mon engagement envers elle, parce qu’elle restera à tout jamais un des plus grands amours de ma vie. Les premiers jours de décembre nous ramène toujours à ces souvenirs. Je pense souvent à toi je me demande où tu es en ce moment, je me demande si tu chantes encore au paradis, je me demande si tu me regardes secouant la tête lorsque je fais quelque chose d’insensé, je me demande si tu parles de moi aux anges, si tu racontes combien on avait une belle complicité tous les deux, je me demande si tu es fière de moi …
La route a été longue pour en arriver là sans toi je me demande si tu m’écoutes quand je prie, si tu me suis pas à pas et me tire vers le haut quand je me sens triste. J’espère que tu sais à quel point je t’aime, aujourd’hui je me rappelle que le compteur s’est arrêté pour toi que le temps s’est écoulé mais que l’amour que j’ai pour toi ne s’évanouira jamais …j’essaye de vivre comme tu le faisais pleinement et de tout mon cœur jusqu’à mon dernier souffle, je t’aime ma belle Annick tu manques à ma vie pour toujours !
Merci Rolande Lapierre