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Affaire du juge Joseph

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Affaire du juge Joseph

 

L’affaire du juge Joseph, une question à la question

L’affaire de la mort du juge d’Instruction Jean Serge Joseph, le 13 juillet 2013, met à nouveau sous les feux des projecteurs la terrible situation sociopolitique et économique qui sévit en Haïti sous le gouvernement du président Michel Joseph Martelly. On ne peut que se recueillir devant le courage du juge, présenter à sa famille nos condoléances et partager avec elle la douleur causée par cette perte irréparable. La question qui est sur toutes les lèvres est bien celle-ci : quelles sont les causes de sa mort ? On ne lui connaissait pas d’antécédents susceptibles de causer l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a emporté à l’hôpital Bernard Mevs. Les rumeurs courent dans tous les sens. Les nouvelles générations sont empêtrées dans le processus de régression qui a accouché de Martelly. Consistance d’un âge d’ignorance, fruit d’une réalité peu exaltante qui, entre autres, a fait revenir Jean-Claude Duvalier en Haïti, en toute impunité.

Une question liée à la question des causes de sa mort renvoie, selon plusieurs témoins à qui il s’est confié, à une réunion tenue le 11 juillet au cours de laquelle il a subi des menaces explicites de la part de représentants attitrés du gouvernement, sinon du président de la République en personne. Le juge Jean Serge Joseph a eu à partager ces informations avec plusieurs personnes autant avant qu’après cette réunion à laquelle il a été conduit par le doyen Raymond Jean Michel. Tandis que ses confidents Samuel Madistin et Kettly Julien disent en clair que la réunion diabolique a bien eu lieu dans les bureaux de Me Gary Lissade, le doyen Raymond Jean Michel et le secrétaire d’État à la Justice Jean Renel Sanon déclarent qu’une telle réunion n’a jamais eu lieu et que le président Martelly, le Premier ministre Laurent Lamothe et le secrétaire d’État à la Justice n’étaient pas sur les lieux au moment de cette prétendue réunion. La politique des vertus inutiles et de la débauche favorisant les vices trouve un créneau certain, semant le trouble et la méfiance généralisée tout en renforçant notre volonté, délibérée ou inconsciente, de rester des zombies.

Le sens profond du refus d’admettre l’existence de cette réunion avec le président saute aux yeux. Il s’agit de réécrire l’histoire en la bouleversant de fond en comble pour l’orienter dans une autre direction qui ne laisse pas paraître nettement le dévergondage et la sclérose de l’équipe au pouvoir. De toute façon, tout le monde connait la capacité du président Martelly à faire des esclandres. Se yon mèt lòbèy. Il l’a déjà démontré en maintes occasions. Dans ces moments-là, le président Martelly n’est pas un ratiocineur. Il fonce et il assume comme un fou furieux. Avec la parole sauvage du lumpen. On est loin de l’ascèse nécessaire pour aboutir à une métamorphose, mais contraire à la tournure d’esprit des professionnels du spectacle.

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