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Bye, Bye, Sunny Isles

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Voici que s’achève notre série d’articles concernant les belles années du Miami Beach et du Sunny Isles qu’ont connu les Québécois.
Les feux de la rampe s’éteignent, nos restaurants et bars en bordure de la plage, nos salles de spectacles n’existent plus. Plus aucun, sauf le Thunderbird, dernier des mohicans que guettent avec convoitise béliers et grues mécaniques.
Permettez-moi donc de revivre très brièvement, en votre compagnie, mes hivers au soleil.
Une toute dernière fois…

En week-end à Bal Harbour, au milieu des années soixante-dix, quelqu’un m’avait voituré plus au nord, dans ce qui s’appelait Miami Beach North (qui allait devenir Sunny Isles). Que j’avais trouvé étrange cette lignée de petits hôtels et motels de tout au plus de quatre étages, s’étendant sur près de trois kilomètres. Comme nulle part ailleurs. Je n’aurais jamais cru, alors, que cet endroit deviendrait comme un deuxième chez-moi.

À cause de Jean-Claude
Pour que cela se produise, il aura fallu l’intervention d’un personnage comme je n’en ai jamais connu, Jean-Claude Larivière. Je l’avais rencontré en 1962, alors qu’il dirigeait une boite à chanson, le Quidem dans l’hôtel Verdon, à Sorel. Ginette Ravel y chantait, nous y sommes allés, Pierre Marcotte et moi.

Ce fut une nuit folle, folle, les bouteilles de vin succédant aux bouteilles de vin, nous chantions, dansions sur le bar, menions un vacarme effroyable. Cela a duré toute la nuit et ne nous a pas coûté un sou. Il était comme ça, le Jean-Claude. Généreux en masse. Et n’aura pas changé.

Une douzaine d’années plus tard, alors que j’accompagnais le boxeur Paul Collette qui combattait à Miami Beach, voici que réapparait le Sorelois.
Nous logions dans un Holliday Inn du sud, comment a-t-il pu m’y retrouver, ça demeure un mystère. Après l’incendie de sa boite, à Sorel, il voulait poursuivre sa vie au soleil et m’offrait de collaborer à un magazine qu’il se préparait à fonder, Le Voisin du Sud, ancêtre du Soleil de la Floride. Pour des raisons professionnelles, je ne pouvais m’y associer et oubliai la proposition.

Mais quelle ne fut pas ma surprise, en 1977, quand mon homme se présente de nouveau, à l’occasion d’une visite de presse au Beacharbour, copie de son premier numéro en mains. Quelques mois plus tard, je ne pus résister. Et voilà comment, au cours des deux hivers suivants, je prenais l’avion en direction de Miami Beach, au moins une fois par mois. C’était facile alors et peu coûteux.

Années folles et beaux moments
Jean-Claude m’a fait connaître un tas de gens, dont Marcel Salvail qui nous cuisinait des steaks, et puis il y a eu enchaînement. Nous étions dans les années folles de Sunny Isles.
Avec les Raymond Lemelin, le pianiste chanteur Yvon Robert, Guy Lévesque au Blue Grass et au Desert Inn. Je saute des étapes tellement les souvenirs déboulent dans ma tête. Je pourrais presque dire : dans mon cœur… qui se sentait bien quand l’avion descendait à Fort Lauderdale.

Mes plus beaux moments, à Sunny Isles, je les ai vécus, dans les années 80 grâce au regretté Jean Chantayan qui nous préparait des repas gargantuesques à sa Ginguette, là où on pouvait danser sous les étoiles ; puis grâce à Carmen Boivin et son « Carmen’s Place » qu’elle a déménagé du Concorde au Tangiers , dans les années 90.

D’autres fins de semaines précieuses, avec le partenaire Yves Aublet, alors que sur fond de tableau d’une « baloune » de trois jours, nous avons acheté du « temps partagé » au Golden Strand. Yves nous a quittés prématurément il y a déjà pkus de deux décennies.

Des années folles, oui. Au Flirt de Carmen, au bar du Waikiki, au contact musiciens Jean Larose et Raymond Laroche, l’allumeuse Lise Lapointe, la « p’tite Carole » (Desroches) l’amabilité d’Alcide Sauvé…

Malheuresement aussi des moments de tristesse.
Comme de voir André Robert laisser sa santé et ses sous dans la restauration ; comme d’assister aux premières démolitions de motels ; comme de perdre des copains et connaissances (Paul Lajoie, Chantayan, Jean Laurac, Lemelin, Jean-Claude,Guy ‘Le Shérif’ Lebeau, Jacques ‘Flash’ Cantin,
Gilbert Ouelette, pilier de bar jusqu’à ses dernières énergies, en 2006…)

Tout s’écroule
Au moment d’écrire ces lignes, la destruction des petits motels se poursuit inexorablement. Vont disparaître le Varadero, le Monaco, le Golden Nugget. Le Sahara aussi et, sournoisement, les grues mécaniques vont s’attaquer au Thunderbird.

À ce dernier endroit, Marie-Paule Galarneau (dite aussi Suzie Steiner), tient le fort avec fermeté. Les restaurants et les bars fonctionnent bien, des spectacles divertissent les dernières vagues de touristes québécois à Sunny Isles. À la musique, Pierre Poirier et Marc Paul y conservent le sourire. Pour combien de temps encore… ?

Des remerciements à Guy Lévesque pour m’avoir hébergé, à Huguette Martineau qui a toujours essayé de me rendre la vie plus facile, à Gaétan Racette ce généreux gérant du Tangiers, à Luc Boutin qui m’a aidé dans la réalisation de ce documentaire.

À tous qui ont bien voulu trinquer en ma compagnie, faute que ce soit à ma santé.

Des hommages aussi à celles et ceux que vous retrouvez dans notre section « Remerciements ». Sans tout ce monde, mon reportage-documentaire n’aurait point vu le jour.

Sur ces mots, je dis adieu à Sunny Isles, le temps est venu d’aller me faire voir ailleurs.

Non sans une dernière virée, alors que je m’apprête à refaire en auto le trajet vers cette Floride qui m’a si bien accueilli. J’y suis presque, dans la Collins, au moment où vous lisez ces lignes (11 mars). On prendra une chope ensemble.

Une dernière fois… ? Une avant-dernière fois… ? Vous savez comment ça se déroule avec les Bye Bye…

Ce travail, Miami Beach, P.Q. vous sera montré en reprise et en partie dans le site
www.lejournal2000.com

Il donnera naissance à trois spéciaux de télévision, lesquels pendront l’antenne de Super Écran à l’automne, de Historia à l’hiver.

Tout en même temps, vous pourrez suivre une série d’articles dans le magazine Carrefour Floride.

Bye, Bye Miami Beach

Pierre LUC


Noël au soleil.


Page frontispice du Voisin du Sud.


Luc Boutin, le copain de Val d’Or


Jean Chantayan et Yves Aublet, mes amours.


Ah, ma belle Carmen !


Chez Suzanne et Gilles Tardif, pour la création de « Miami P.Q. »


De bons souvenirs avec Yvon Robert et Marcel Salvail.


Les premiers signes de désolation.


Pierre Poirier et Marc Paul.


Entrée du Thunderbird : « Dites, vieil homme, combien de temps nous reste-t-il encore ? »


Ecce homo ! Voici le « responsable » de mes premiers séjours en Floride, Jean-Claude Larivière. À droite sur la photo, un autre qui nous a encouragés à visiter fréquemment l’État du soleil, le grouillant Raymond Lemelin. Le diable a eu leurs âmes et c’est bien ainsi.