Home Le billet de Michèle Como la vida es bella!

Como la vida es bella!

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Un texte de Richard Johnson
Directement du Mexique






Puerta Vallarta

Les gestionnaires de notre complexe, Playa Grande, nous apprennent qu’ils doivent travailler dans la salle de lavage, briser et reconstruire une partie du plancher qui est en marbre. Un travail bruyant et poussiéreux. On nous propose gentiment de déménager pendant deux jours dans un autre condo pour éviter tout désagrément.

Pourquoi pas une virée de trois jours à Puerto Vallarta? On aime bien cette ville lovée au centre de la baie de Banderas. On ne l’avait pas visitée depuis vingt ans.

Départ mardi matin, à huit heures. On prend le petit déjeuner dans un boui-boui de Melaque, sur un coin de rue. Cinq petites tables en bois, tantôt jaune canari, tantôt vert lime, un menu affiché sur le mur, en espagnol, en anglais et en français, écrit à la main.

Les enfants sont déjà à l’école, et on assiste au chassé-croisé des livreurs et fournisseurs de toutes sortes.

Un vieux camion, style pick-up, sans âge, bosselé, glisse le long du trottoir, et arrête à notre hauteur. La cuisinière sort, se penche sur la portière, et prend sa commande. Un habitué. Si elle est toute en rondeur sous son tablier d’une blancheur immaculée, et fort jolie, le chauffeur a plutôt une allure patibulaire. Sur la boîte du pick-up, un peintre sans talent propose la fusion d’une croix gammée avec le drapeau de la marine impériale japonaise au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, un soleil rouge qui projette des rayons rouge et blanc, et Che Guevara, icone du mouvement révolutionnaire marxiste des années 60-70.

En voilà un qui n’a rien compris, me dis-je, en avalant une omelette épicée à mon goût. De toute évidence, c’est un looser qui adopte trois idéologies perdantes. Les nazis et l’empire du soleil levant se sont fait planter, et le Guevara, le révolutionnaire romantique, est mort abattu dans la jungle bolivienne.

Et puis, le Che et les nazis, ça ne colle pas. Il y a des choses qu’on ne doit pas chercher à comprendre…

Tiens! Voilà le camion du livreur de bonbonnes de gaz qui annonce son produit dans son haut-parleur. Un homme sort, lève le bras. Le camion arrête, recule un peu pour ne pas bloquer la rue. Et crac! Il vient d’enfoncer l’arrière d’une voiture.

– Hé! Tu as brisé mon feu arrière.

– Mais non. Ce n’est pas moi. C’était déjà brisé.

– – Richard, je pense qu’on va voir un bon show!

Mais non. J’ai l’impression que le camionneur donne un peu d’argent au propriétaire de la voiture.Et l’affaire est réglée. Dans le fond, le camionneur avait peut-être raison…

Bon, on doit bien partir.

Il nous faudra cinq heures pour parcourir 240 km. Tantôt des montagnes recouvertes d’une forêt dense, tantôt des ranchs, et beaucoup de travaux. Poussière et délais.

En arrivant à Boca de Tomatlan, c’est l’émerveillement. Un hameau, en bas d’un chemin rocailleux, une petite plage, une eau turquoise, un banc de sable, dans un écrin de montagne couverte de jungle et de quelques hôtels aussi discrets que luxueux.

Une poignée de vendeurs souriants qui lancent des amigos gros comme le bras, nous proposant soit une excursion de pêche, soit une margarita, soit une ballade à dos d’âne vers une source et un lac fabuleux. Les chaloupes, toutes blanches, sont peintes en bleu à l’intérieur, avec des bancs blancs. Même certains moteurs sont peints en bleu!

On sera à l’hôtel, dans le vieux Vallarta, dans une demi-heure. La route est spectaculaire, nous rappelant les corniches de la Côte d’Azur. Des topes partout. Des grands. Des longs. Des petits. Des traîtres. Des hypocrites. Des camouflés. Et même des menteurs! Une affiche… et pas de topes. Ouaaaaaargh! Tu ralentis comme un imbécile. Et l’autobus qui te pousse dans l’cul. Mais jamais de klaxon.

Si les montagnes sont prises d’assaut par d’audacieuses tours, la vieille ville a conservé son charme. Le malecon – promenade du front de mer – est interdit aux voitures, et ponctué par des dizaines de bronzes souvent très originaux. C’est la ville aux mille boutiques, bars et restaurants.

Sur le malecon, il y a trois sortes de restaurants : musique hurlante, musique forte, musique semi-forte. Nous choisissons le dernier, un italien. Personnel gentil, efficace, rapide, courtois. Nourriture moyenne. Prix moyen.

Le lendemain matin, j’arrive sur le trottoir en même temps que le soleil : huit heures. Promenade sur le malecon. La faune est différente. Marche rapide, jogging, les étirements, des chiens, rarement en laisse, qui s’ébaubissent dans les vagues, ou courent après les balles de tennis. Et des téléphones. Des zillions de promeneurs, travailleurs et touristes, avec des téléphones.

J’en profite pour visiter plusieurs hôtels en cas d’un éventuel retour. Notre établissement est très bien, sur la plage, mais le signal wifi est pourri. Je ne reviendrai pas.

Ce qui me frappe, c’est l’émergence d’une solide bourgeoisie mexicaine alors que la grande majorité de la clientèle est mexicaine. Partout.

Je monte une rue perpendiculaire à la mer, et je croise un parc, avec un kiosque, au centre, animé par une dizaine de personnes, dirigées par un jeune homme tout en muscle, qui pratiquent une danse rythmée. Quand les filles me voient prendre des photos, elles m’offrent un joli haut-les-mains. Merci pour cette gâterie.

Pour comprendre le vieux Vallarta, imaginez un damier qui se termine sur la mer d’un côté, et sur les flancs de la montagne, de l’autre côté. Essoufflé car ça grimpe raide, je redescends un cuadra plus loin. Voilà un café librairie, tenu par des gais, très présents dans le quartier. Ça sent bon le café. Je reconnais, en sourdine, la voix d’Amy Winehouse. Plus bas, un groupe de musiciens bloquent le trottoir et une partie de la rue, offrant une sérénade à une femme qui se fait coiffer, la chaise sur le trottoir.

J’arrête dans un comptoir pour prendre une orange pressée.

Vers onze heures, après une visite à la cathédrale, je rentre dans la boutique qui vend des produits d’artisanat qui proviennent d’une coopérative. Je tombe en émoi devant une vaisselle d’une grande sobriété. Un design carré et recourbé décliné dans des coloris blanc, citron, orange, cerise et pomme verte. Beau!

Je me promène dans la boutique, mais je reviens toujours à la vaisselle. Combien ça va me coûter pur sept jeux, -un de plus pour la casse- et comment vais-je agencer les couleurs.

Sauf que… Sauf que ma blonde va me passer un savon, et me lancer la phrase qui tue : « Richard, est-ce vraiment nécessaire ? »

Oui, mais je me dis que ce sont ses couleurs préférées. Peut-être. Mais nous avions assez de vaisselle pour équiper quatre condos, et qu’il y en a autant en entrepôt.

Par contre, ces assiettes sont des œuvres d’art. Uniques.

Torturé. Je poursuis ma marche. Quelques cuadras plus loin, je m’assieds au parc Hidalgo, arrosé par des jets d’eau qui soulignent la façade d’une église.

Je suis ravi par le spectacle gracieux d’une adolescente qui donne une leçon de skateboard à sa copine. Elles passent et repassent devant moi. Sérieuses et concentrées. La queue de cheval au vent.

Le clocher sonne midi. Je dois quitter. Il me faudra bien 45 minutes pour rejoindre l’hôtel. Anne m’attend pour dîner.

Je fais un crochet par la boutique…

« Richard, est-ce vraiment nécessaire? »

Je n’arrête pas.

Pour me consoler, je décide d’étriver ma blonde. Je lui dis qu’on doit arrêter, demain matin, à la boutique de la rue de la Republica de Chile pour prendre une caisse d’assiettes que j’ai acheté.

– T’as pas fait ça??!!!

– Non, mais…

On soupe, vers neuf heures au Blue Shrimp, sur le front de mer, à 100 mètres de l’hôtel Une belle blonde nous avait invités, la veille, mais on avait décliné. Anne la trouvait gentille, et m’avait suggéré de revenir le lendemain. Ce que nous avons fait. En arrivant, elle nous entend parler…

– Tiens! Des Québécois. Bienvenue! Il n’y en a pas beaucoup ici.

Blablabla. Jessica G. est originaire de Saint-Lin des Laurentides. Une histoire d’amour. Il y a 18 mois, elle accompagnait ses parents en voyage ici. Elle a rencontré le beau mexicain sur la plage. Coup de foudre. Il est plongeur professionnel. Un métier rude. Dangereux, mais payant. « Il aura toujours du travail ici tant il y a de quais et différents ouvrages sur l’océan qui ronge et détruit tout avec le temps. »

Dommage que nous ne soyons pas arrêtés le premier soir, car nous serions revenus. Délicieux. Et quel service! Le roulement des vagues, les lumières d’un grand paquebot qui quitte la gare maritime, et une musique douce et mexicaine.

L’établissement offre même deux tables, plantées dans le sable, avec des nappes et couverts complets, plus les fleurs et les lampions, pour les fumeurs.

Como la vida es bella!

Showbiz
Impensable de commencer la journée sans lire SHOWBIZ.

Des petites nouvelles juteuses sur le merveilleux monde des artistes et de la télévision. Ne ratez pas ça, c’est pour vous qu’on fait ça tous les jours.

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Journaliste depuis près de 50 ans, Michèle Sénécal a fait ses classes avec des grands du monde de l’édition de l’époque comme Yves Michaud, Jean-Charles Harvey, Edward Rémy, André Robert. Travaillante acharnée, elle a touché à tout dans le métier. Des affaires sociales au milieu du show-business, elle a toujours roulé sa bosse. Durant son parcours, elle a dirigé des publications chez Québecor, collaboré au Journal de Montréal et compte à son actif, quelque 250 histoires d’amour pour les magazines Québecor de l’époque. En semi retraite, elle rédige la chronique Showbiz dans Planète Québec depuis les débuts du magazine et, avec Yvonne Courage, elle a fondé Destination Soleil, un cyber magazine sur la Floride en novembre1999.