Un jeune coupe de Français s’établit au Québec. Voici leur histoire… tel que lue dans leur journal intime.
Cher journal,
1er AOÛT :
Nous venons d’emménager dans notre nouvelle maison au Québec. C’est très beau ici. Tout est si immense et sauvage, et les montagnes sont si majestueuses. J’ai très hâte de les voir recouvertes de neige, et de voir
le fleuve pris dans la glace.
1er OCTOBRE :
Le Québec est le plus bel endroit du monde. Les feuilles des arbres ont pris toutes les teintes possibles de rouge et d’orange. Nous sommes allés nous promener en montagne et nous avons vu des chevreuils.
Quelles créatures gracieuses! Ce sont certainement les plus beaux animaux de la création. Cet endroit est le paradis sur terre! J’adore.
1er NOVEMBRE :
La saison de la chasse au chevreuil commence. Je ne peux pas croire qu’on puisse tuer un si bel animal. J’espère qu’il neigera bientôt.
J’aime vraiment le Québec (sauf en ce qui concerne ses lois sur la chasse, bien sûr, mais il est vrai que nature et sauvagerie vont un peu de pair…)
1er DÉCEMBRE :
Il a neigé la nuit dernière. Au réveil, tout était blanc. Nous avons pris notre petit déjeûner en regardant la nature toute blanche.
Une vraie carte postale! Nous sommes tous sortis et avons fait un combat de balles de neige. C’était vraiment le pied! Quel bel endroit! L’air est pur. Tout est propre. Tout est blanc. C’est magnifique !
10 DÉCEMBRE :
Encore de la neige hier soir. C’est merveilleux !
La charrue nous a encore fait une petite blague dans l’entrée. (les québécois appellent » charrue » le camion-déblayeur qui pousse la neige hors des chemins. Une autre de leurs cocasses expressions si typiques…).
Les Québécois sont sympas… De bons vivants qui aiment s’amuser malgré la neige et le froid, quoi!
15 DECEMBRE :
Encore de la neige hier soir. J’ai été un peu embêté parce que je n’ai pas pû sortir la voiture de la cour pour aller travailler. La neige, c’est très beau, mais j’avoue que je suis un peu épuisé de pelleter.
« Crisse de charrue », comme disent si typiquement les Québécois !
» Crisse » est un juron utilisé par les habitants de ce pays ayant une tradition catholique très imprégnée. Les habitants semblent l’utiliser assez fréquemment, à cause de l’hiver peut-être… À éviter quand même, car il s’agit d’une expression vulgaire, me disent même les gens d’ici. Je crois que leur manque de vocabulaire amène les Québécois
à utiliser ce juron plutôt que des expressions plus recherchées.)
21 DECEMBRE :
Il est encore tombé de la merde blanche hier soir. Tu ne le croiras pas, mais j’ai des ampoules plein les mains à force de pelleter.
Je crois que le gars de la » charrue » se cache dans un coin de la rue et attend que je finisse de pelleter pour remplir la cour à nouveau. J’ai d’abord cru qu’il nous faisait ça parce que nous étions nouveaux au pays, mais je crois maintenant que c’est parce qu’il est fondamentalement un câlisse de chien sale.
( » Câlisse de chien sale » est une expression parfois employée par les gens d’ici pour désigner les gens avec qui ils ont des conflits ou qu’ils n’aiment carrément pas.)
25 DECEMBRE :
Joyeux Noël! « Batinse de temps des fêtes! « , comme ils disent parfois ici. Il est encore tombé de la « tabarnac » de neige ( » Tabarnac » est un autre juron catholique qui vient du mot tabernacle).
Un Noël blanc, c’est bien beau, mais n’empêche que si jamais je mets la main sur le chien sale qui conduit la charrue, je m’en vas y faire faire un boutte sur les couilles.
Autre expression typique, mais tu commences à t’en foutre, des expressions typiques… Je ne comprends pas pourquoi ils n’épandent pas plus de sel (ils disent « calcium », ces cons…) sur les routes pour faire fondre la glace.
27 DECEMBRE :
C’est pas croyable, mais il est encore tombé de la neige hier soir! Et ce matin, on se les gèle à se les fendre! Ça fait trois jours qu’on n’est pas sortis de la maison, sauf pour pelleter l’entrée à chaque fois que le maudit chien sale passe avec sa charrue! On peut pas aller nulle part.
Le char (Ils disent » char » au lieu de voiture parce qu’ils ont tous la bouche gelée… ) était pris dans une véritable montagne de neige. Quand j’ai eu enfin fini de tout gratter,le bazou voulait pu partir à cause du frette! Y faisait moins vingt-sept ce matin! Ça se peut presque pas! Avec le facteur vent, ça faisait moins 44 Celsius! Incroyable!
Tu vas pas pisser dehors avec un temps pareil, j’te jure! Sauf que nous, il faut qu’on aille pomper l’eau à bras dans le hangar à côté… Si on avait sû, on aurait acheté une maison avec pompe électrique et puits intégrés comme eux! En plus d’être un peu cons, ils doivent pas avoir la bite grosse en hiver, ceux-la! « Québec, pays des bites gelées! » Ha! Ha! Ha!
Ce midi, la gonzesse de la météo a annoncé qu’il ferait un peu plus chaud mais qu’il allait tomber 10 20 centimètres de neige à soir… Vingt centimètres!!!!
28 DECEMBRE :
La gouine de la météo se l’est mise complètement dans le trognon, la connasse ! On en a eu pour 35 centimètres c’te « marde-là »! 35 centimètres! Non, mais tu te rends compte? Et l’hiver commence à peine…
Pis tu le croiras pas, mais la charrue est restée prise dans le banc de neige en face, pis l’écoeurant qui la conduit est venu cogner chez nous pour demander s’il pouvait emprunter ma pelle! Après lui avoir dit que j’avais passé au travers six pelles pour pelleter toute la neige qu’il m’avait poussée dans l’entrée, j’y ai cassé la septième sur sa tête de fifon!
30 JANVIER :
On est sorti aujourd’hui pour se rendre au supermarché. En revenant, un chevreuil s’est précipité droit sur nous alors que nous roulions à 70 kmh. J’ai pour 3000$! L’imbécile m’a vu arriver, j’ai klaxonné, mais y est resté là à nous regarder foncer sur lui comme un innocent!
Pourquoi les chasseurs ne les ont pas tous abattus à l’automne? J’ai jamais pensé qu’un animal puisse être si stupide!
1er MAI :
J’arrive du garage. Ma voiture est percée comme un gruyère. Le calcium bouffe tout.
Ca va me coûter une fortune.
30 MAI:
Marie-Maude et moi rentrons en France. Il y a encore de la neige dans les sous-bois que les maringoins commencent à sortir. On peut même pas prendre une
» biére » dehors sans n’avoir plein la face, calice, moi qui voulait profiter de mon beau lac!
J’en ai plein le cul du Québec
J’peux pas comprendre qu’il y ait du monde assez innocent pour rester dans un trou pareil!